Vendredi 3 octobre
Le dos en compote et les oreilles sifflantes, les premiers festivaliers se réveillent de leur première nuit passée dans ce hangar appelé le Z7, faisant office de salle de concert. Hier soir eut lieu le début de la deuxième édition du Up In Smoke Festival.

Perdus dans la campagne industrielle bâloise de Pratteln, sillonnant entrepôts, usines et grandes surfaces commerciales, on risquerait de tomber par hasard dans un haut lieu de culte, voué à ce qui rameute, d’après la recrudescence actuelle de ces rendez-vous, une foule incroyablement hétéroclyte en proie à la disète musicale.

Le stoner, sombre grondement tellurique provenant de cette vieille machine irréductible qu’est le rock.

Cette année, le festival se voit octroyé un deuxième jour supplémentaire. Il est peu dire que ce genre de rencontres musicales gagnent d’année en année en ampleur : la promotion précoce de l’année dernière pour cette édition ayant débuté à l’instant où les festivaliers mettaient un leurs pieds en dehors du site en est l’exemple parfait.

Un rayonnement tel que des festivals comme le DesertFest se retrouvent projetés dans diverses villes européennes propices à l’épanouissement des stoner-heads.

Excellente line-up oblige, c’est également une possibilité aux groupes suisses de pouvoir bouffer de la scène tout en étant bien, très bien entourés. Commence Phased, qui roule sa boule depuis quelques années déjà et réussi sacrément bien dans son domaine avec ce stoner percutant. Puis sont arrivés Intercoastal aux ambiances plus progressives, pour enfin terminer ce trio suisse avec les Wardhill, jeunes genevois comme les précédents, prêtant un doom puissant, de ceux qui à six heures de l’après-midi te retournent la saucisse-moutarde tout juste ingérée. Et l’on ne peut s’empêcher de se sentir fiers et proches de ceux qui tentent de porter le flambeau du stoner en Suisse. Encore sûrement ce sale côté patriotique, qui cependant grâce à la musique a la magique tendance à disparaître.

On a également eu les Italiens d’UfoMammuth nous ayant livré le plus gros trip de la soirée, mélange de disto et de DMT. Avec leur prestance presque bestiale et le  léger côté latino barbu, Poia (gratte), Urlo (basse) et Vita (batterie) ont su nous projeter loin dans les limbes de la stratosphère stonerienne. Les Suédois de Blues Pills ont également su nous faire vibrer les artères grâce à des riffs très seventies et une voix féminine maniée à la perfection (qui malheureusement à la longue aura tendance à trouver une certaine monotonie irascible). Que de réjouissance gastronomique dont on ne s’en lassera jamais.

Cependant, la réelle surprise de la soirée était porté sous l’éloge de la jeunesse. Jeunesse physique sachant conjuguer le présent au passé, ou vice-versa, comme ont su nous le prouver les Islandais de The Vintage Caravan : un son frais et jeune bourré d’un rythme et d’une mélodie aux pouvoirs démesurés, leur énergie prépubère laisse baba et la salle à moitié remplie s’en est retrouvée comblée. Ou bien jeunesse d’esprit, de celle qui se recycle et ne vieillit jamais malgré les années, comme ces bons vieux skaters de Fu Manchu : une pêche cataclysmique, un public au même niveau pour faire un show sans demi-mesure à la californienne bien de chez eux. Avec autant de nouveau titres que de cultes, le hangar de Z7 a pu en cette nuit vibrer avec audace au-dessus des 100 decibels.

En sommes, c’est une forte première soirée que nous a livré la scène rock mondiale. Les décors se prêtant à la perfection à l’ambiance générale, une multitude de voyageurs italiens, français, allemands et même gallois, se retrouvant au sein des murs de la Konzert Fabrik pour bouger la tête au rythme de la caisse claire et pour boire de la bière en dépit des fameux prix suisse-allemands.

Car qui dit stoner dit voyage, et de cela les Helvètes peuvent en êtres fiers : Pratteln se trouve dès maintenant dans l’agenda des rencontres de l’Heavy Rock internationales.

Samedi 4 octobre
Pour ce dernier jour de festival, la programmation promettait déjà de sacrées s’couées et croyez-moi l’offre a parfaitement répondu à la demande.

La journée commence alors a 13h05 avec No mute sur la petite scène, pour réveillé un public d’une fraîcheur douteuse du à la nuit passée sur le sol du Z-7.

Puis à 13h50, c’est les suisses de Black Willow, qui font finalement émerger le public de la salle avec un stoner complètement psyché qui griffe la face avec des sons des plus vibrant.

Venu le tour de Hellroom Projector, et là mes oreilles de jeune pucelle du stoner ont carrément avalé la puissance de ces cinq mecs chevelus bourrés de testostérone, 2 grattes plus basse, voix et batterie. Une composition lourde et imposante avec un chanteur possédé, à la voix sponsorisé par le whisky sur laquelle vous rajoutez des grattes qui font “VROUM VROUM” dans les ovaires.

Greenleaf nous rapproche alors un peu plus de l’apothéose musicale. Le chanteur complètement classe, à la voix grasse et propre en même temps à des airs de colibri incapable de resté en place. La gratte transpire de par son maître qui n’a rien à envier à l’hyperactivité du batteur, complètement instoppable et pour couronnée le tout un bassiste au doigté de Satan qui ne voit pas plus loin que le bout de son nez en raison de sa mal-voyance. Ce groupe n’a donc rien à apprendre en matière de faire quand il s’agit d’ambiance le public en mode “BOOM BOOM BOOM BOOM”.

The Socks prend alors la relève sur la scène extérieure avant de se faire emboîter le pas par Alunah (interversion de programme avec Lonely Kamel oblige). Et là surgit alors sur le sol de la scène du Z-7, une petite blonde adorable, gratte entre les mains et accompagnée de ses musiciens pour nous transpercer de l’intérieur avec une musique résonnante qui claque d’un point lourd pour creuser dans les entrailles profonde du son stoner.

Et c’est dés la dernière note de Alunah que les chameaux solitaires (Lonely Kamel) décident de foutre un feu démentiel à l’heure de l’apéro avec un pur son sorti tout droit du désert sec et aride qui nous rappelle le pourquoi on est dans ce festival. Le tout couronné d’une voix à la John Garcia, tout devient plus clair lorsque le public se synchronise pour lancer les têtes sur un rythme démoniaque.

Quand tu crois avoir touché l’orgasme en matière de musique, Dozer débarque avec l’effet d’une bombe pour te lancer contre les quatre murs de la salle bâloise. Le public repart alors comme en 14’ en s’agitant sur une gratte rugueuse et déchirante qui contraste parfaitement avec la voix magiquement clean du chanteur. Résultat : on ne sait plus dozer l’envie de se démanteler pendant une heure de concert intense…

Les français de Mars Red Sky s’attribuent alors la scène sous tente avec des notes psychées à souhait, pour faire vibrer le public dans un univers parallèle avec une voix légère et hors du temps, une batterie lourde et une guitare hurlante. Dessiné le tout d’un diapo hypnotisant et dites au revoir au sol sous vos pieds.

On s’attaque soudainement à la troisième et dernière partie de soirée, avec un monument dans le domaine, j’ai nommé Brant Bjork. Accompagné du groupe Low Desert Punk, ces hommes nous envoient dans une quatrième dimension où le monde ressemble à quelque chose de sataniquement plus roots. Le son est bon, propre et te dégueule à la tronche à la force d’un semi-remorque sous acide. le live de ces bonshommes rassemblé depuis peu recrache de bonne entente et d’une complicité impressionnante.

Naam reprend alors dans la foulée pour un live ironiquement travaillé avec un bassiste “casse-tout” et un batteur doté de lunettes des plus… humoristiques, le tout pour sortir une musique tripée qui enjaille un public dans l’ensemble amusé.

Pour clore ce festival arrive Kadavar, posé en ligne parfaite (basse, batterie, guitare) pour envoyer quelque chose de puissant qui calme et passe comme une lettre à la poste pour afin de magistralement ce festival.

En résumé, beaucoup, vraiment beaucoup de hard en deux soirs, avec un vendredi stoner-doom et samedi roots et psyché. Un équilibre parfait pour ce festival qui n’en est qu’à sa deuxième édition et pour lequel les adeptes de stoner en tout genre signeraient tout de suite pour une bonne décennie. Félicitations donc aux organisateurs et à l’année prochaine!! [Malvin Zoia + Eleanor Pescante]

Galeries photos : Patrick Chollet

 

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