Il faudrait un papier entier pour ne faire qu’effleurer la complexité, l’imagination et le caractère délibérément déroutant de l’univers ulverien.

Dès leurs débuts, les Norvégiens rassemblés autour du chanteur Kristopher Rygg se sont faits un devoir de gangbanger les normes et conventions, qui ne manquent guère dans l’univers souvent convenu et monotone du metal. En bientôt trente ans de carrière, avec pratiquement un album ou une collaboration balancée à la face du monde tous les deux ans, ils reviennent avec une nouvelle livraison cette année, au titre plus que baudelairien. Une exécution toujours irréprochable, mais que certains pourront trouver un peu trop contemporaine à leur goût, dans la mesure où elle semble succomber à l’artificielle nostalgie des années huitante et de sa froideur couleur néon. 

En ouverture, ‘One last dance’ aurait pleinement sa place chez un De/Vision époque ‘Subkutan’, sans le moindre élément rappelant leur lointain passé blaquemétaleux. A sa suite, ‘Russian Doll’ enfonce le clou dans ce cercueil fluo, quelque part entre Tears for Fears et Depeche Mode.

L’ensemble des huit titres, tantôt dansants, tantôt glaciaux, s’articule comme un exercice de style rétro de haute facture mais d’une inventivité fatalement limitée, respect de l’orthodoxie oblige. Un titre alternatif correct aurait pu être : « La décennie Reagan/Gorbatchov à ceux qui ne l’ont pas vécue ». Une variation sur le thème électro minimaliste réussie sur la forme – parce qu’elle évite l’écueil d’une simple compilation de reprises d’époque – , qui bercera efficacement votre solitude moitié-ivre de fin de soirée ratée, mais dont le fond ne donne pas forcément envie d’y revenir.

Note : 4/5

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