Il paraît qu’il neige en Helvétie. La rédaction du Daily Rock s’est donc cloîtrée au coin du feu avec quelques bières et un peu de vin chaud pour faire la rétrospective des albums qui ont marqué cette année fastueuse. Et quelle année! Il nous a fallu des jours de tergiversations pour vous offrir ce top. Mais le jeu en vaut la chandelle. 

 

10 – Goat « Commune »
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Au cinéma, la mode est aux remakes ; en musique, la mode est au rétro. C’est devenu un lieu commun de minauder que ‘les groupes savent plus innover’, où est le Jimi Hendrix de notre époque quoi ? Et là survient Goat. D’accord, la comparaison est un peu excessive, mais elle a le mérite de mettre en évidence l’unicité de Goat, dans un style mouvant incorporant pêle-mêle des influences rock psyché, un chant qui évoque des psaumes vaudous assez peu puritains, et des structures répétitives qu’on imagine mijotées quelque part en Afrique. Ovni musical qui avait abasourdi les critiques avec leur premier album ‘World Music’, ce second ‘Commune’ est un peu la pincette que vous vous appliquez pour être sûr de ne pas être en train de rêver. Ce n’est pas le cas, Goat est là, Goat est frais.

9 – St. Vincent « St. Vincent »

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Parce qu’Annie Clarke (aka St Vincent, on suit au fond, merci bien) est vraiment cool, elle a fait mon job à ma place et a décrit son album en disant que c’était ‘a party record you could play at a funeral’ (‘un album de fête qu’on pourrait passer à un enterrement’, je constate que l’anglais c’est pas trop ça non plus, félicitations). Et, effectivement, le motif le plus récurrent de cet album est très clairement le contraste ; c’est travaillé mais jamais prétentieux, les arrangements sont complexes mais ne font qu’appuyer le propos au lieu de le masquer, les dissonances sont utilisées de façon centrale mais ne sont jamais dérangeantes… Ce petit bijou de disharmonie et de cuivres a amplement mérité sa nomination aux Grammy Awards. Long live St Vincent !

8 – Mogwai « Rave Tapes »
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Il est difficile pour un groupe de se renouveler lorsqu’il possède un son bien particulier. Quand en plus, ce son est l’une des bases d’un genre musical, ça semble carrément infaisable ;‘Rave Tapes’ est une démonstration de la volonté de changement du quintet écossais. De cette volonté, naquit dans les années 90 le post-rock, et une vingtaine d’années plus tard, Mogwai s’écarte à nouveau du droit chemin de la conformité musicale, cette fois du style dont ils sont les fondateurs. Alors oui, ils n’ont pas réinventer la roue, mais ‘Rave Tapes’ est à côté des canons du post-rock moderne, et ça c’est une bonne surprise : aux traditionnelles guitares réverbérée et saturées s’allient des séquences de synthé hypnotiques, des infrabasses vibrantes et autres beats electro éclectiques. En ressortent des titres comme ‘Deesh’, ‘The Lord is out of Control’ et le fantastique single ‘Remurdered’, et là on dit : Mogwai, on vous aime !

7 – Tori Amos « Unrepentant Geraldines »
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Féministe née, Tori Amos se bat pour l’égalité de traitement à travers des morceaux investis et habités. Comment ne pas s’amouracher de ce ‘Promise’, dialogue entre elle et sa fille, Tasch, de ce ‘Trouble’s Lament’ bluesy, qui va racler ce qui nous reste de réticence. Depuis son ‘Little Earthquakes’ initial, il y a vingt-deux ans, Tori ne cesse de créer des tremblements de terre dans nos petits cœurs. Celle qui a toujours préféré s’acoquiner avec le Malin plutôt qu’avec le Ciel continue sa croisade musicale avec une élégance folle.

Pour lire la chronique de l’album

6 – Machine Head « Bloodstone & Diamonds »
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A la sixième place de ce classement, on retrouve les ricains de Machine Head. Fort d’un huitième album, le combo repart à l’assaut de nos cervicales et de nos tympans avec un cd très agréable. Loin d’être à la hauteur du grand ‘The Blackening’, celui-ci nous procurera tout de même de très bons moments musicaux : ‘Killers And King’, ‘Now We Die’, ‘Sail Into The Black’, ‘In Comes The Flood’ sont autant de morceaux exécutés, certes parfois de manière un peu conventionnelle, mais toujours d’une main de maître. Ils n’ont absolument rien à envier aux grands classiques du groupe. Au début, l’album pourra paraître un peu mou du genou, mais il n’empêche qu’à l’instar des vétérans du genre, ceux-ci font du très bon travail. Ne dit -t-on pas que Machine Head est le Metallica des années 2000 ? En même temps, ce groupe a un parcours quasi-exemplaire. Ils remplissent des salles et font du très bon travail. A écouter attentivement sous le sapin.
Pour lire la chronique de l’album

5 – Temples « Sun Structures »
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Ces dernières années furent une bonne nouvelle pour toi, lecteur planant en manque de sensations psychédéliques qui sentent bon la journée oisive à communier avec l’esprit du vent allongé dans l’herbe. Après les Tame Impala et autres Jacco Gardner, la bonne grosse claque vient des juvéniles britanniques de Temples. Un premier album, un concentré de psy rock comme à la bonne époque, avec un petit parfum d’Union Jack en plus. La voix aérienne répond aux volutes éthérées et aux choeurs savamment maîtrisés. Loin d’être un vulgaire pastiche des barons de la grande époque, les Temples se posent en héritiers spirituels tout en développant un son personnel et résolument ancré dans son temps. Champignons magiques vendus séparément.

4 – Damon Albarn « Everyday Robots »
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En préambule, disons que Damon Albarn est un touche-à-tout, boulimique de rencontres, avide d’explorations sonores, de jeux de mots et d’anagrammes empreints d’une certaine touche de mystère. Après avoir été l’incarnation de Blur et de Gorillaz, l’insaisissable personnage a décidé de casser le moule en se lançant dans un premier album solo. En avril dernier sortait le très attendu ‘Everyday Robots’, produit par Richard Russel, une pointure au nez fin qui a notamment bossé avec The Prodigy, Radiohead, The White Stripes et Adele. Un album tout en douceur et en subtilité qui se déguste avec langueur. Evidemment la collaboration avec Brian Eno, autre énergumène inclassable, n’y est sans doute pas pour rien. Titre après titre, douze en tout dont deux interludes façon Albarn, on découvre une nouvelle facette du bonhomme qui se profilait déjà sur ‘Welcome to The Plastic Beach’ et qui pointait également le bout de son nez sur quelques titres figurant sur de précédents albums de Gorillaz. Bref, un album qui mérite largement sa place dans ce top ten et dans ta discothèque.

3 – Achitects « Lost Forever // Lost Together »
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Qui qualifiait le metalcore d’un genre déchu ? En 2013, Bring Me The Horizon sortait ‘Sempiternal’, album multi-récompensé les ayant propulsé à Wembley. Rien que ça. Cette année, ce sont leurs ‘petits’ frères Architects qui prouvent une fois de plus la qualité d’un style sous-estimé. Janvier 2014, les anglais annoncent la couleur avec ‘Broken Cross’ et ‘Naysayer’, deux singles au succès immédiat. Deux mois plus tard, ‘Lost Forever//Lost Together’ se place directement comme la grosse baffe incontournable du printemps. Les tournées s’agrandissent et se rallongent, les fans hurlent déjà les paroles, et le disque se gratifie d’excellentes critiques dont celui d’album de l’année par le magazine Kerrang. Architects livre son album le plus sombre à ce jour, à la production impeccable et aux compositions remarquables. Dans la lignée – et au delà – de ‘DayBreaker’, le groupe se relève le poing levé d’une période mouvementée suite à l’échec des mélodies (trop) léchées de ‘The Here And Now’.
Architects en interview

2 – Royal Blood « Royal Blood »
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Inconnus au bataillon fin 2013, le duo turbulent s’est frayé un chemin aussi rapidement et efficacement qu’une pluie anglaise. Tout d’abord en tournant avec Interpol en Angleterre, puis en confirmant récemment une tournée avec les Foo Fighters et Iggy Pop, excusez du peu. En quoi Royal Blood a-t-il marqué les esprits? Probablement grâce à leurs morceaux tous plus incisifs et efficaces les uns que les autres, et grâce à l’originalité de leur formation. En effet, adieu le combo ‘guitare – batterie’ qui fait recette actuellement, c’est ici une basse qui remplace la cinq cordes. Les musiciens jubilent et s’extasient, se demandant quelle est la recette magique pour que le bassiste Mike Kerr ait un son aussi prodigieux. Les néophytes quant à eux se contentent de se faire violer leur sono chaste et innocente avec ces dix titres royaux.
Royal Blood en Interview

1 – Kill It Kid « You Owe Nothing »
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Une claque monumentale ! Pour leur troisième opus,  le quatuor originaire de Bath en Angleterre a mis la barre très haut et fait les choses de manière irréprochable. Pour preuve : le clip ‘I’ll be the First’, sorte de mise en bouche en attendant l’album, a atteint près de 100’000 vues en six mois. Il est suivi trois mois plus tard par le plus mélancolique ‘Caroline’,  qui lui explose la barre des 275’000 vues, probablement grâce à l’apparition du mannequin Ricki Hall. Mais au delà des vidéoclips parfaitement orchestrés, l’album ‘You Owe Nothing’ est un concentré de tubes en puissance, d’émotion pure et de maîtrise parfaite de la musique. On se demande même si le groupe pourra faire mieux sur leurs prochains albums…
Kill it Kid en interview

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