Cult Records/RCA Records

J’aurais aimé être une mouche, celle que l’on entend voler dans ces grands moments d’embarras, celle qui était là pour découvrir les discussions précédant l’enregistrement de ce premier album en sept ans des Strokes. Entre les New-Yorkais et Rick Rubin qui vient de découvrir les maquettes, d’abord un grand silence, puis Casablanca qui ose : ‘Mais si Rick, je t’assure nous avons bien écrit de nouvelles chansons’. Et le légendaire barbu, après un second long silence : ‘Yeah, mais vous avez tout piqué à Billy Idol et aux Psychedelic Furs’. Troisième silence avant d’ajouter ‘et aux Strokes aussi’ (rires jaunes). La mouche ayant bêtement été éclaffée d’un revers de main du légendaire producteur des Red Hot, de System of a Down ou de Shakira (!) on ne saura pas qui a finalement brisé le silence pour imposer les saignées synthétiques qui secouent les neuf titres de ‘The New Abnormal’ et la manière dont la matière originale a été triturée.

C’est là que réside le charme de cette galette, elle n’est pas rock, ou si peu, elle n’est pas pop, ou pas trop, elle n’est surtout pas punk, quoi qu’un tout petit peu, mais elle est tout à fait Strokes. Riffs secs, rythmique hyper calibrée, basse qui s’enroule autour de la mélodie et cette voix qui traîne entre grâce fatiguée et intensité hautaine. On se laisse porter d’un bout à l’autre par la grande cohérence et la maîtrise de ces dérives musicales hors-norme, de l’ouverture mécanique façon synthético-bricole de ‘The Adults Are Talking’ à la conclusion mélancolico-pastorale de ‘Ode To The Mets’, en passant par la mélopée crado-acidulée de ‘Brooklyn Bridge To Chorus’.

Sans oublier les deux pompages totalement assumés au point d’en créditer les sources originales, le ronflant ‘Bad Decisions’ avec l’aimable apport de Billy Idol et le soyeux ‘Eternal Summer’ qui n’aurait rien été sans les Psychedelic Furs. Et vous savez quoi ? Notre aimable mouche avant de rendre l’âme croit avoir entendu Rick Rubin conclure, ‘Ben les mecs pour aller au bout des choses, on va piquer aussi l’idée aux Beatles de leurs discussions façon fond de studio, ça finira de faire totalement assumer à ce disque son petit côté resucée !’

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Note: 3.5/5