Dans ce capharnaüm, Conor Mason et sa bande d’Anglais sortent ‘Moral Panic’. Un troisième album qui repousse toutes leurs limites, et qui fait monter nos endorphines.

‘Moral Panic’ : ce titre sonne très actuel. C’est une coïncidence?
C’est le titre d’un des morceaux que nous avions, avant même d’avoir enregistré l’album. J’ai dit au groupe : ce titre est très succinct, ça parle bien de ce côté lunatique qui plane sur tout l’album. Tout le monde s’est mis d’accord afin d’en faire le nom de notre nouvel opus. C’était prémédité avant 2020! (rires)

Vous avez beaucoup expérimenté sur cet album.
Oui, c’est ce qu’on fait de mieux. On essaie toujours de surprendre, et de se surprendre soi-même. Dom est un excellent producteur et il essaie toujours de nous pousser en avant, en tant que groupe de rock. J’aime cette idée de tirer vers l’avant plutôt que de regarder en arrière, et faire revivre les morts. Je pense que grâce à lui, on est toujours à la pointe de ce qui se fait en matière de son.

Dom, Joe et moi, formons un petit groupe et nous nous retrouvons à jammer, à trouver des idées, des paroles ou des mélodies, ça rend le tout assez fun. J’ai l’impression que tu peux remarquer si quelqu’un fait tout soi-même, car tout sonne pareil. Vu qu’on est trois, on a des goûts très différents, donc on met tout dans un gros chaudron, et il y a un gros jus qui en est extrait… (rires)

Mais aussi, ça représente ta personnalité, ton âme. Nous sommes trois personnes avec trois âmes différentes, et donc les chansons ont des couleurs et des textures très différentes. Vocalement, j’ai aussi une grande palette, donc cela reflète bien mon côté introverti, doux, et bruyant et agressif. Quand j’enregistrais mes parties de voix, j’ai vraiment laissé sortir tous les démons.

Ça doit être bizarre de sortir un album en 2020. Est-ce plutôt positif ou négatif pour vous? Négatif car nous ne pouvez pas tourner, mais positif car vous pouvez donner de l’espoir à vos fans en leur offrant des superbes morceaux ?
Quand nous avons sorti ‘Is Everyone Going Crazy’, tout le monde se réjouissait tellement de ce single. Mais c’était en mars, juste avant le confinement national. J’étais interviewé à BBC1, et je me suis senti complètement démotivé. Je me demandais à quoi bon. Tout le monde achetait du papier toilette et faisait des courses, et j’habite dans un petit village donc c’était encore plus ridicule. Mais j’ai pourtant trouvé beaucoup de paix en écoutant de la musique, parmi tout ce chaos. C’est quelque chose que je n’avais pas ressenti depuis longtemps, car en étudiant la musique, puis en devenant musicien, tu deviens un peu stérile. J’espère vraiment que les gens trouveront un havre de paix avec ce nouvel album.

Tu as pourtant trouvé une sorte de stabilité et confort, en ayant tout ce temps pour toi ?
Au début oui, je me réjouissais d’avoir tout ce temps pour faire des choses pour moi, pour me reposer. J’avais des problèmes personnels, et je voulais les résoudre avant de partir. Donc pour moi c’était cool ! J’ai été stoïquement constructif, en faisant aussi peu que possible tout en restant créatif. J’ai du créer plus de vingt morceaux en isolation. J’aime ce concept : être créatif car tu t’ennuies. Mais six mois plus tard… tout ce que je veux faire c’est retourner en tournée. C’est pour ça qu’on a commencé les ‘solitude sessions’, car nous voulons vraiment jouer, chanter ensemble. Être un musicien fait vraiment partie de mon identité. Mais à nouveau, j’ai trouvé un peu de paix intérieur et j’accepte le fait de pouvoir me reposer. A l’heure où je te parle (septembre 2020), je crois que l’Angleterre va à nouveau entrer en confinement, donc j’accepte le fait de me retrouver à nouveau dans cette situation.

Vous avez justement sorti les ‘Solitude Sessions’. C’est difficile d’être chacun chez soi et s’enregistrer tout seul ?
Non ça va, c’est assez similaire à enregistrer des démos. Mes voisins n’étaient pas supers contents ! Les morceaux comme ‘Amsterdam’ m’ont valu quelques coups de balais contre mon mur (rires) J’avais très peur d’enregistrer ça, justement pour les voisins. Mais je les emmerdes ! (rires) Mais c’est vraiment cool, on a un morceau ‘Sorry’ que les fans ont repris, et ça fait super chaud au cœur.

Tu as dit que ‘Real Love Songs’ a été créé après une interview avec un journaliste.
On était en Malaisie – oh mon Dieu, j’ai l’impression que c’était dans une autre vie ! – En Asie du Sud, ils adorent les chansons d’amour, les ballades. Tous leurs artistes sont très mélancoliques, ils adorent ça. Et on nous a justement reproché de ne pas avoir assez de chansons d’amour. On s’est regardés, et on s’est dit : non, on en a quand-même pas mal (rires). Mais ça nous a motivé à écrire une chanson d’amour en tant qu’anti-chanson d’amour ! Ça montre le côté sale, négatif de l’amour, et à quel point ça te transforme en une personne que tu n’es pas. Ironiquement, ‘Impossible’ parle d’amour et de ses possibilités !

Quelle chanson te rend le plus fier ?
Je vais en choisir deux, désolé ! (rires) ‘Free if we Want It’ . J’adore ce morceau. Vocalement, j’ai réalisé que je devais expier quelque chose. J’ai vraiment tout donné en chantant. Et j’ai l’impression d’écouter un autre chanteur lorsque j’écoute ce morceau, c’est vraiment fou. Ça me remplit d’émotions. ‘Individual’, car c’est pour moi ce que j’aime le plus pour le rock. C’est lourd, les paroles sont malades, c’est comme si Rage Against The Machine rencontrait Queens of the Stone Age et Jeff Buckley. [AMe]

Fiche CD :
nom de l’album : ‘Moral Panic’
Label : Sony Music
Note : 4/5