D’une décennie à l’autre, d’un album à l’autre, NMA poursuit sa route solitaire – que dis-je ? excave son chemin à travers monts et vallées parce qu’aucun chemin tout prêt ne convient à son épique trajectoire. Si la « patte » est toujours distincte, le style n’aura cessé d’évoluer d’une livraison à l’autre : limite new-wave à ses débuts, folk-punk dans les années nonante, flirtant avec le metal avant de mettre les grattes en retrait pour faire plus de place à des percus purement tribales… Et voici qu’on les retrouve une fois de plus sur scène, aux Docks le 7 mars dernier, précédés des Genevois de Pilot On Mars (à qui je ne ferai pas l’affront de prétendre être arrivé assez à l’heure sur place pour juger de leurs capacités scéniques).

Éliminons d’entrée de jeu les points négatifs : un Sullivan qui semblait parfois fatigué et des classiques contournés que l’on croyait pourtant incontournables (et mon « Vagabonds », bordel ?) Le reste : du velours bordeaux doublé de cuir noir patiné par la bière et le passage du temps. Le groupe délivre un set impeccable, fidèle à sa réputation, plaçant immédiatement sous son charme venimeux un public conquis d’avance. En petite forme ou non, le père Sullivan fait presque le show à lui tout seul, tant son charisme demeure intact : dans la lumière des projecteurs, son regard vous traverse comme sans vous voir, contemplant des choses qui vous échappent, son visage prenant parfois des airs de masque Tschäggättä, ne lui manquait qu’un toupin et une peau de bête pour compléter l’illusion. Acharnée à faire la fête jusqu’aux croissants, l’assistance obtiendra deux rappels à force de mâles égosillements. 

 

Photos : Alexandre Pradervand

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