Heavenly Recordings/Musikvertrieb

Mark Lanegan est désormais un compositeur et une voix reconnue, mais il n’en n’a pas toujours été ainsi. Il retrace ici le long fleuve de son existence (en parallèle avec la sortie de ses mémoires, ‘Sing Backwards and Weep’) avec toute la variété musicale dont il est capable, nous berçant de ballades mélancoliques simples aux expérimentations plus modernes. ‘Straight Songs of Sorrow’, sorte de journal intime musical, illustre une vie plutôt tumultueuse. Cet album regorge de moments de grâces crépusculaires comme ‘Ketamine’ (aux relents nirvanesques de ‘Where did you Sleep Last Night’), le sublime hymne sur la décadence de l’addiction ‘Stockholm City Blues’ ou encore le génial ‘Skeleton Key’, confession sans détour avec son violon hanté (le même qu’on retrouve sur ‘At Zero Below’ qui donne un petit côté cowboy, joué par Warren Ellis des Bad Seeds). En écoutant ‘Straight Songs of Sorrow’, on se dit que la vie de Lanegan oscille entre périodes sombres et exaltations psychédéliques, mais quoi qu’il arrive, il s’évertue à transcender tout ça en énergie créatrice et on prie pour que cela continue le plus longtemps possible. Lanegan a toujours beaucoup chanté pour les autres (QOTSA, UNKLE, Eagles of Death Metal, quelques noms d’une longue liste) et quelques grands noms lui prêtent main forte ici (John Paul Jones, Warren Ellis, Greg Dulli). Le duo qu’il forme avec sa femme, Shelley Brien, et sa voix androgyne sur le cathartique ‘Game of Love’ est délicieux. ‘Elle est la seule qui ne m’ait pas quitté’, remarque Lanegan. Ne dit-on pas qu’un compositeur triste est souvent un meilleur compositeur. Mark Lanegan est sincère, frontal, peu condescendant avec lui-même. Mark Lanegan est encore une fois grand.

note 4

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