Il arrive que des artistes omettent systématiquement notre pays quand ils planifient leur tournée. Ce n’est pas le cas de Mark Lanegan qui n’oublie jamais de venir nous trouver. Ces dernières années, il a été possible de le voir souvent sur scène en Suisse, que ce soit au Montreux Jazz Festival, à Pully, aux Docks déjà ou encore l’été passé à Martigny pour une résidence de deux soirs dans le cadre du Palp Festival.

Avec sa voix unique et son incroyable répertoire qui ne cesse de s’agrandir avec le temps, il est difficile de trouver une seule bonne raison de ne pas aller à un concert de Mark Lanegan.

Ce samedi 4 novembre 2017, il est de retour aux Docks avec son groupe au complet, ainsi que deux premières parties à découvrir.

Devant un parterre bien rempli (balcon fermé), Lyenn arrive seul sur scène avec plusieurs guitares pour s’accompagner. Il s’agit du bassiste du Mark Lanegan Band qui dispose d’une demi-heure pour chauffer la salle avec ses propres morceaux. Bien que son set ne soit pas désagréable, son folk bluesy est quand même trop mou pour véritablement enthousiasmer le public. Seule la dernière chanson sera moins léthargique avec quelques envolées vocales. Cela dit, les applaudissements ne manqueront pas à la fin de sa prestation.

Dès la fin du set et également à la pause suivante, nous avons droit au premier album de Goldfrapp dans la sono. Quelle bonne idée.

Mais le break est court, à peine le temps que Lyenn ramasse ses affaires que débute la deuxième partie. Le programme annonce Joe Cardamone et c’est donc bien un deuxième one-man-show qui nous est proposé. Et quel contraste avec la première partie ! Cela débute par une projection d’une vidéo de plusieurs minutes avec en arrière fond une voix caverneuse. Les images sont délibérément dérangeantes et installent un univers radicalement glauque. A la fin de la vidéo, l’artiste vient se placer devant son grand écran, qui continuera à afficher des vidéos durant tout le concert. Le type a une dégaine incroyable, une sorte de demi-frère low-cost de David Bowie dans un remake sordide de ‘Driver’ mis en scène par Lynch période ‘Lost Highway’. Complètement inattendu et barré mais vraiment excellent, le set mélange electro, new-wave et musique gothique en toute impunité et il terminera même avec un morceau proche du rap. Je n’avais encore jamais assisté à un tel mélange des genres à un concert de Mark Lanegan et là c’était une belle surprise, sans compter les effets visuels qui pour une fois palliaient complètement au fait que le gars chantait sur des bandes. Un tel enchaînement après le set de Lyenn était improbable, tant leurs univers sont complétement opposés.

Après un petit break sous la supervision sonore de Goldfrapp pour enlever l’écran, les musiciens prennent possession de leurs instruments. Le temps d’apercevoir que Jeff, le prodigieux guitariste du Mark Lanegan Band, est bien là ce soir. L’an dernier, il avait accompagné seul son patron pour les dates de Martigny et uniquement avec sa guitare, il avait fait preuve d’une facilité et d’une virtuosité à vous décourager d’essayer.

Le groupe arrive ensemble sur scène. Mark Lanegan marche péniblement jusqu’à son pied de micro. Main gauche dessus pour s’accrocher, il ne le lâchera plus. C’est la position officielle de Mark Lanegan en concert. Avec également les traditionnelles lunettes pour le protéger d’un éclairage inexistant comme d’habitude.

Le set débute avec un extrait du dernier album, le moyen ‘Death’s Head Tattoo’. Les choses sérieuses arrivent droit derrière avec ‘Gravedigger’s Song’ et un ‘Hit The City’ si bien exécuté que l’on en oublie qu’il s’agissait à l’origine d’une collaboration avec PJ Harvey.

Après trois chansons, Mark Lanegan n’a pas encore lâché son micro. Il remercie le public d’être venu avec une voix encore plus rauque que quand il chante !

Avec un nouvel album à promouvoir, ce sont donc ‘Sister’, ‘Emperor’ (ma préférée de ‘Gargoyle’) et encore ‘Nocturne’ qui sont ajoutées à la setlist.

La meilleure partie du concert est encore à venir avec pas moins de quatre autres morceaux de ‘Blues Funeral’ joués à la suite : ‘Bleeding Muddy Waters’, ‘Harborview Hospital’, ‘Ode To Sad Disco’ et ‘Riot In My House’. Définitivement son meilleur album alors que ‘Phantom Radio’ peine à installer deux de ses morceaux dans le set (‘Floor Of The Ocean’ et ‘Harvest Home’) joués ensuite. Ce soir, on revisite la discographie solo de Mark Lanegan album après album sans les mélanger (ou presque)

Le set se termine ensuite avec ‘One Hundred Days’, ‘Mockingbirds’ et l’immanquable ‘Methamphetamine Blues’ qui porte bien son nom.

Après une heure et quart de musique, il est évident qu’il y aura un rappel. Le suspense n’est pas long. A peine quelques dizaines de secondes et voilà que Mark et Jeff reviennent sur scène pour d’abord ‘Blues For D’ avant de conclure sur deux morceaux de Joy Division, dont ‘Atmosphere’, et des applaudissement aussi nourris que mérités. Quand un de tes artistes préférés joue tes morceaux préférés d’un de tes groupes préférés, tu as là trois bonnes raisons d’un coup d’être revenu voir Mark Lanegan en concert.

 

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