Pour la plupart des gens, novembre 1989, c’est tout d’abord la chute du Mur de Berlin. Pour tous les punks, c’est aussi la fin de l’histoire la plus dingue du rock alternatif français, Bérurier Noir, une troupe emmenée par Fanxoa (chant) et Loran (guitares), qui a profondément marqué le paysage musical en France et en Europe. Comme ils le chantaient eux-mêmes, « En 1989, les béruriers sont les rois » …tout en se faisant hara-kiri lors de trois concerts d’adieu à l’Olympia. Un vrai départ en fanfare pour le plus important groupe de la scène alternative française qui se cherche toujours un chef de file aussi populaire. 

Trente ans après Viva Bertaga, Loran continue d’être actif et fidèle à ses convictions. Depuis de nombreuses années, il fait partie des Ramoneurs de Menhirs, un groupe breton qui n’hésite pas à combiner chansons traditionnelles avec guitare électrique et boite à rythme. 

Ce mercredi 20 novembre, ils étaient la tête d’affiche d’une soirée celtic punk au Puisoir d’Orbe, accompagnés par les français de Sons of O’Flaherty et les tchèques de Pipes & Pints. Un événement impossible à manquer.

La salle est bien pleine grâce à une promo efficace et l’ambiance très sympa.

J’arrive juste à temps pour voir le concert de Pipes & Pints. Dommage pour les Sons of O’Flaherty, mais malheureusement leur concert commençait à une heure où le trafic pendulaire n’était pas encore désengorgé sans compter la route menant à Orbe qui connaît des travaux conséquents. En 45 minutes, les tchèques arrivent à se mettre le public dans sa poche. Il faut dire qu’ils sont pleins d’énergie et très communicatifs.

A peine le concert fini que Les Ramoneurs commencent à s’activer en coulisses et à préparer leurs affaires pour leur show. Loran profite déjà d’un petit bain de foule dans les premiers rangs en se prêtant volontiers aux dédicaces et selfies.

Dès les premières notes, dans une salle ultra réceptive, l’ambiance décolle facilement. Si les Ramoneurs chantent l’essentiel de leurs textes en breton, le message reste clair et Laurent prend régulièrement la parole pour expliquer le contenu. Il parle d’ailleurs beaucoup, à juste titre parce qu’il est encore révolté par des nombreuses choses. Le début du concert, c’est principalement des chansons en breton dont la reprise de « Bella Ciao » autrement plus convaincante que celle de Nuria Gorrite cet été, puis celle de Sham 69 déjà reprise par les Bérus (« If The Kids Are United », qui avec l’accent breton est difficile à reconnaître). Ce qui est incroyable c’est ce son tellement typique des années 80 avec cette boite à rythme et cette disto que l’on a tant entendues sur les disques des Bérus. On s’y croirait.

A ce propos, il est évidemment impossible de ne pas jouer quelques morceaux des Bérus. Ce soir c’est donc une chouette version d’ « Ibrahim » après quelques mots sur la nécessité d’un territoire pour une Palestine libre. Mais aussi un grandiose « Vive le Feu » ou encore un « Porcherie » très réclamé et repris en chœurs, y compris par une partie du staff du groupe venu brièvement sur scène pour le refrain. Cela fait plaisir de voir que ces chansons continuent d’être jouées et surtout que leurs messages de solidarité et d’insoumission sont définitivement intemporels.

Devant la scène, tout le monde se bouscule de manière sympathique dans une belle ambiance qui sera soulignée par le groupe en fin de concert. A 22h10 après une bonne heure et demie, le concert se termine. Impossible de grappiller encore quelques minutes sans mettre en péril les prochains concerts. Salve d’applaudissements et nouveau bain de foule. Tout le monde est sorti de la salle avec le sourire.

Solidarité. Pas juste un mot mais aussi un geste d’entraides : une collecte a été organisée au pied levé en faveur du pressing d’Orbe cambriolé la semaine précédente. Bravo.

Enfin, s’il y a des concerts aussi sympas près de chez vous, c’est parce qu’il y a des gars motivés qui se bougent. Cette soirée on la doit à Katharsys Productions, soit Axel (Alex pour l’état civil ou encore Lxea pour les dyslexiques), qui a choisi de faire vivre Le Puisoir, baptisé le Chalet par les Ramoneurs, et que l’on remercie de son accueil. Salut à Toi !

« En 2019, les Ramoneurs sont les Rois ! »