Juin 2021. Cela fait presque trois mois que tous les concerts ont été annulés suite au Covid-19. Le secteur de l’événementiel est le plus durement touché et sera probablement le dernier à pouvoir reprendre. Alors la résistance s’organise. En seulement quelques semaines, KM Music a réussi le petit exploit de mettre en place un festival avec 4 groupes suisses pour autant de concerts filmés avec diffusion en direct en streaming uniquement. Les billets et le merchandising peuvent être achetés en ligne afin de supporter les frais d’organisation et les artistes.

C’est donc le 21 juin, le jour de la fête de la musique et du solstice d’été, que Kassogtha, Cellar Darling, Illumishade et Samael se retrouvent au Kofmehl de Soleure pour le tout premier festival en streaming de Suisse. Chaque groupe jouera dans des conditions réelles, sauf que la salle sera vide, hormis quelques techniciens en charge de retransmettre l’événement, une poignée de photographes et l’entourage des groupes.

Partenaire media de l’événement, Daily Rock était évidemment de la partie pour vivre et documenter cette expérience (on l’espère) totalement unique. Sur place, l’ambiance est détendue, mais en coulisse tout le monde s’affaire pour respecter le timing de cette journée particulière. Kate et Merlin de KM Music nous accueillent Juan Pablo et moi chaleureusement et on a droit à une visite complète des lieux. Le Kofmhel c’est une superbe salle dont l’architecture fait un peu penser aux Docks lausannois de par sa taille, sa structure carrée et sa salle avec balcon. Divers escaliers plus tard, on est un peu perdus entre le backstage, la salle vidéo, le catering et le matériel des groupes, mais on finit par se situer.

La soirée doit débuter par une interview des quatre chanteurs par Juan Pablo sur la grande scène. Pendant qu’il se prépare, ce sera repérage des spots pour faire des photos. Evidemment pas de pit et des restrictions pour ne pas être entre la caméra et les artistes. Mais sinon liberté totale. J’échange quelques mots avec Merlin puis Fabienne Erni et profite de l’occasion de les faire poser avec un exemplaire de votre magazine préféré dans les mains.

Notre ami Nicolas de Daily Rock France arrive juste à temps pour le début de l’interview qui dure une petite demi-heure et se déroule de manière très décontractée. Face à la scène, il y a un écran qui permet aux artistes de voir ce qui est diffusé mais aussi les messages postés par les internautes.

Les genevois de Kassogtha sont les premiers à rejoindre la scène pour une grosse demi-heure et une poignée de titres. C’est surprenant de vivre un concert sans public. Certes, il y a le côté sympa d’avoir l’impression que le groupe joue pratiquement que pour toi, mais le silence entre les morceaux et l’absence de réaction rend la chose très curieuse. Dans la salle, tout au long de la soirée, on entendra beaucoup la batterie et moins les voix, mais d’après ce que l’on m’a dit, le son sur internet était vraiment bon et les spectateurs ont pu apprécier des prestations de qualité pratiquement comme s’ils y étaient. Comme les concerts étaient intégralement diffusés, je ne vais pas revenir dessus, mais bonne impression de Kassogtha pour son premier concert de l’année et que l’on devrait retrouver bientôt en tournée.

C’est ensuite Illumishade qui installe son matériel. Ils ont passé une partie du week-end à préparer les envois postaux de leur premier cd « Eclyptic : Wake of Shadows. Ce soir, ils vont tenter de nous faire entrer dans cet univers imaginaire qu’ils ont créé pour l’album. Je suis curieux de voir comment cela va donner sur scène, mais pas souci à se faire quand on connaît la présence scènique de Fabienne et de Jonas, habitués à assurer le show avec Eluveitie, leur autre groupe. Illumishade a cette particularité de n’avoir jamais joué pour du public. Le vernissage de leur premier album avait en effet déjà dû se faire en streaming. Au final, bonne prestation qui montre une autre facette de leur goût musicaux car là on est loin du pagan death metal. J’aurai quand même bien vu Chrigel débarquer pour « Tales Of Time », la chanson à laquelle il participe sur l’album, mais non. Par moment, cela envoie bien et sur d’autres, on a presque des chansons de l’univers Disney si cher à Fabienne Erni.

Avec Cellar Darling, on a également la possibilité de voir des musiciens proposer autre chose que de l’Eluveitie, puisque Ivo, Anna et Merlin ont quitté le groupe il y a quelques années pour lancer leur propre projet. Je les ai déjà vu en live plusieurs, la première fois avec Anneke van Giersbergen et la dernière à Couleur3 chez Duja l’an passé. Pas le style auquel j’accroche le plus, mais prestation très propre. Anna enchaîne claviers, flûte, hurdy gurdy et chant selon les besoins des morceaux avec aisance. Difficile de l’imaginer super nerveuse sur scène comme elle nous le confiera après le show car elle n’en montre rien pendant le concert. Mention spéciale à Merlin qui a toujours une vraie frappe de bûcheron. Il doit probablement remplacer 50 % de sa batterie entre chaque concert.

Dernier concert avec Samael, qui joue pour la première fois avec Ales, son nouveau bassiste annoncé quelques jours plus tôt. Avant le concert, Vorph indique que le set sera basé sur « Hegemony » le dixième et dernier album sorti il y a deux ans et demi. Le groupe a fait un soundcheck de plus d’une heure dans la journée pour s’assurer que le son sera au top. Le show débute avec un peu de retard car il semblerait que la diffusion du concert de Cellar Darling a été interrompue pour un problème de droit. Évidemment dans la salle, on ne s’en est pas rendu compte. J’ai déjà vu Samael plusieurs fois, mais là c’était une des meilleures. Incroyable intensité et superbe setlist. Ce soir on avait vraiment l’impression que les groupes débordaient d’envie, d’abord parce qu’ils n’ont pas joué depuis plusieurs mois, mais aussi parce qu’ils ne savent non plus dans combien de temps aura lieu leur prochain concert.

Ce dimanche soir, c’était vraiment un moment unique. Même si c’était un moment magnifique, tout le monde espère qu’il n’y aura pas besoin d’une nouvelle édition parce que les concerts c’est quand même mieux avec un public.

Un immense merci à KMM, au Kofmehl, ainsi qu’aux 4 groupes pour avoir été aussi accueillants.