Les new-yorkais ont fait patienter leurs fans depuis 2014 avant de dévoiler le fruit de leurs nouvelles cogitations. Des fruits qu’ils ne sont pas allés marauder à la va-vite, mais qu’ils ont fait mûrir patiemment, minutieusement. Une gestation que le guitariste Daniel Kessler a pris plaisir à nous raconter.

‘Marauder’ sort après quatre ans de silence, cela ressemble à une pause nécessaire. Pourquoi avoir attendu si longtemps pour sortir cet album ?
Daniel Kessler : Après le dernier disque, nous avons tourné jusqu’à l’automne 2015. Ensuite, le temps était venu de retourner à nos propres vies, c’est important pour trouver de l’inspiration pour les nouvelles chansons. Nous avons travaillé séparément jusqu’à fin 2016, avant d’élaborer ensemble le nouveau matériel. Puis, entre août et octobre, nous avons répété et tourné pour fêter les 15 ans de notre premier album. Ensuite, seulement, nous avons mis en route les répétitions pour le disque, pour commencer à enregistrer en décembre passé. Tu vois, tout cela prend simplement du temps.

Si je comprends bien, vous travaillez beaucoup avant d’entrer en studio ?
Oui, nous écrivons entièrement les chansons en amont, nous les testons même en live avant de les enregistrer. Nous allons en studio très préparés et quand on démarre, on se met au travail directement. Si tout sonne vivant et brut ici, c’est le résultat de ce que nous avons fait lors des répétitions à New-York. C’est en quelque sorte un album que nous avons juste capturé en studio. La différence est que pour la première fois depuis longtemps, on a travaillé avec un producteur, Dave Fridmann. Et je crois pouvoir dire que nous avons été très ouverts à ses idées, que l’on était prêts à l’expérimentation. Ce qu’il a fait, c’est rouvrir les chansons.

Rouvrir les chansons, comme si vous étiez arrivés à une limite ?
Non, nous étions plutôt intéressés par une collaboration ouverte, pour obtenir des chansons meilleures que les nôtres, pour évoluer. Là où l’on sent ses plus grandes contributions, c’est moins sur les arrangements des chansons que sur les détails. Surtout comme le disque a été enregistré à l’ancienne, de façon analogique, on était un peu limités par la place sur la bande. Cela donne un album très urgent, direct, vivant, pas très détaillé, mais très humain.

Tes riffs sont en quelque sorte la marque de fabrique d’Interpol. Comment est-ce que tu les crée ?
En commençant presque à chaque fois avec une guitare classique. Je fais ça depuis l’adolescence. Ça ne sonne pas immédiatement bien naturellement, mais ça sonne très intime, et j’aime ça. Quand je cherche une chanson, j’espère en quelque sorte trébucher pour trouver une mélodie, une idée. Je ne les joue même pas à la guitare électrique jusqu’à ce qu’on soit ensemble avec le groupe. C’est seulement là que j’essaie de trouver comment passer de cette guitare classique, très, très calme, à une guitare électrique.

Pour la seconde fois après ‘El Pintor’, Paul Banks (le chanteur) joue la basse sur l’album. Qu’est-ce que cela a changé dans votre approche créative ?
A cette époque, nous n’avions pas prévu cela, nous étions dans l’expectative de voir comment ça allait se passer. Mais cela nous a permis de vivre une expérience inattendue, et avons beaucoup appris les uns des autres. En commençant ‘Marauder’, la question ne se posait plus, Paul allait jouer la basse et nous étions persuadés de la viabilité de cette formule. Pour un titre comme ‘The Rover’, nous étions juste lui et moi en studio, deux ou trois jours, il a pris une nouvelle direction pendant les répétitions, nous étions très excités, comme dans une sorte d’extase en pensant à ce que l’on allait faire ensuite. Nous nous connaissons, travaillons ensemble, depuis de nombreuses années, mais nous apprenons avec cela encore quelque chose de nouveau. On a l’impression qu’il y a tellement plus à découvrir, c’est quelque chose qui nous intrigue.

www.interpolnyc.com

FICHE CD
nom de l’album : ‘Marauder’
Label : Matador
Note : 2,5/5

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