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S’il y a bien un groupe de funk qui a su forger son propre univers dans le monde vaste et dynamique des années 70, il est évident de penser aux guerriers voodoo de Funkadelic. Pour du funk/rock avant-gardiste; ces gars méritent autant de reconnaissance que le dirigeable de plomb. Des groupes de funk y’en a certes de quoi remplir des brouettes de vinyles à cette époque; mais le délire psychédélique qui est l’ingrédient principal de la sauce du groupe est porté comme une mission spirituelle, voir divine. Ils en ont fait des cartons et ils les gardaient le plus souvent pour eux. Héritiers de James Brown et de Jimi Hendrix; il ne pouvaient qu’assurer.

Leur premier album est une perle rare. Eponyme, sorti en 1970, il constitue un recueil de chant rituel et donc un très bon compagnon de voyage. Envoûtant et parfois déroutant, il comporte plusieurs thématiques dont le personnage Funkadelic, qui raconte avoir apporté le groove au monde. Ainsi que des théories sur ce qu’est l’âme. ‘Soul is the joint your roll in toilet paper’. Intéressant. Le travail qui suit; ‘Free Your Mind And Your Ass Will Follow’, fait le pont parfait entre le premier et le troisième album. Toujours autant psychédélique et peut être un peu plus large publique, il paraît beaucoup plus funky, laissant plus de place à la virtuosité des musiciens.

Figure de proue de Funkadelic; George Clinton est aujourd’hui le parrain de la Funk. Eddie Hazel, guitariste de légende n’a malheureusement jamais été reconnu pour sa juste valeur. Et on se le dit en écoutant tout l’album ‘Maggot Brain’ de 1971 qui est probablement l’apogée des talents des membres de la tribu. Des riffs de guitares qui rendraient jaloux Jimmy Page ainsi que des performances rythmiques aussi maîtrisées dans les percussions que dans les voix. Le thème de voyage inter-planétaire donne une véritable âme aux textes et aux mélodies; le tout permettant de faire de cet album un des meilleurs de tout les temps, époques et genres confondus. Les musiciens débarquaient soit avec des fringues improbables soit avec des peintures shamanique et renforçaient leur présence de scène sur laquelle le désordre et le groove faisaient rage et portaient le groupe en triomphe.

Les albums suivants seront certes bons mais vu l’arrivée des eighties ils se simplifieront et perdront leur charme et leur sauvagerie qu’ils avaient loués au Rock’n’Roll. Il seront néanmoins très bien reçu dans le monde funk/disco, à partir de ‘One Nation Under a Groove’, très grand succès autant critique que commercial, qui fera de Funkadelic un groupe plus mainstream; ou leur côté seventies d’antan aura plus de mal à se faire reconnaître dans les oeuvres suivantes. Pour le meilleur ou pour le pire? C’est à vous de voir. Mais un groupe qui apporte tellement à deux genres de musique peut affirmer en toute légitimité leur place dans l’histoire. Et jamais un autre groupe de funk n’aura eu une identité aussi bien construite et maitrisée. Fly on.

[Mathis Laucella]

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