Acte 1 / Parabôle Festival (Bôle, Suisse, 18 juillet )

Chance ? Privilège ? Le Daily Rock voit l’un de ses reporters entretenir des relations privilégiées avec Mark Jansen, créateur, leader et guitariste de EPICA, groupe phare de la scène Metal Symphonique. Celui-ci a proposé au groupe néerlandais de les suivre pas à pas sur trois concerts donnés sur la nouvelle tournée. Avant de retrouver Mark et ses acolytes lors des shows prévus en novembre à Strasbourg et Zurich, notre journaliste a observé à la loupe les musiciens d’EPICA lors de leur prestation en tête d’affiche du sympathique festival du Parabôle. 

Préambule : 

Mark et moi, c’est déjà une longue histoire d’amitié…Le reportage témoignage qui suit n’aurait jamais existé sans amitié réciproque. S’immiscer dans l’intimité d’un groupe et de musiciens (re)connus n’a de sens que si chacune des parties, reporter et artistes, se sent à l’aise en présence de l’autre. L’histoire de l’amitié qui m’unit à Mark Jansen remonte déjà à 2005, à l’occasion d’un minuscule concert donné par le groupe dans un club improbable, devant une cinquantaine de fans…Mais ce lien s’est radicalement renforcé à la découverte d’une passion commune pour le cyclisme et les Cols mythiques ! Aussi incroyable que cela puisse paraître j’en conviens. Et lorsqu’en 2012 je proposais à Mark de l’accompagner sur les mythiques pentes du Mont Ventoux s’il se décidait à « rouler » de nouveau (rappelons qu’il faillit être coureur professionnel avant d’opter finalement pour la musique), je ne pensais pas qu’il s’agirait du point de départ d’une telle relation quasi fraternelle.

En juillet 2013, nous avons donc affronté ensemble les pentes brûlantes du terrible Mont Chauve : Mark sur son vélo, dans un mélange de souffrance et de bonheur que seuls les cyclistes peuvent appréhender, moi dans mon véhicule et sur un ridicule vélo électrique, pour l’accompagner au plus près…A peine cette aventure terminée, Mark arriva à me convaincre que j’étais moi aussi capable de réaliser ce genre d’exploit. Un rêve de gosse…Un fantasme…Une folie inimaginable…

Et pourtant, écoutant les encouragements du leader d’EPICA, je commençai à m’entraîner très dur dès la fin de l’été 2013, sans interruption durant l’automne et l’hiver, par tous les temps… A force d’accumuler les ascensions, j’étais donc prêt pour me joindre à Mark pour de nouvelles conquêtes de sommets légendaires en cet été 2014.
Nous avons ainsi défini un programme et Mark m’a rejoint pour une dizaine de jours afin de rouler sur les cols de Suisse, Italie et France. Nous sommes ainsi devenus, à force d’exploits sportifs communs, de véritables frères d’armes. Situation par conséquent idéale pour pouvoir s’immiscer sans appréhension dans l’aspect professionnel de la vie de mon ami.

Le projet de Tour Report :

Mark accueillit avec enthousiasme mon projet de suivre le groupe dans son intimité de cette nouvelle tournée. Une fois l’aval obtenu de la part du management d’EPICA, le choix se portait sur les concerts que le groupe doit donner les 21 et 22 novembre prochains à Strasbourg puis Zurich.
Mais le hasard faisant parfois bien les choses, EPICA se voit proposer de remplacer au pied levé SOILWORK en tête d’affiche du Parabôle Festival qui a lieu en Suisse, à côté de Neuchâtel . Ce show tombe en plein milieu de la semaine de congés que Mark a bloqué afin d’aller grimper ces cols mythiques en ma compagnie. Par chance, Bôle est à seulement 1h30 de route de chez moi et voilà donc une belle occasion de commencer ce Tour Report dès le mois d’août !

Mark lors du soundcheck
Jour J, voyage et arrivée sur le site :

Mark m’a confié littéralement un rôle de manager personnel en ce vendredi 18 juillet ; il me revient de plein droit de gérer le planning du musicien jusqu’à son arrivée sur le site du Parabôle. A la lecture du roadbook personnel reçu par Mark, je découvre que celui-ci jouit d’un statut quelque peu privilégié puisque son heure d’arrivée est fixée à 15h30, plus tard que ses compagnons qui ont dû, en outre, rouler toute la nuit. Google Map m’induisant en erreur, nous prenons la route à 14h. Mark est très détendu, mais avoue avoir un peu de mal à entrer dans un état d’esprit professionnel au beau milieu d’une semaine de vacances…

Nous traversons la frontière suisse et Mark découvre avec ravissement les superbes paysages pastoraux suisses. Il est pourtant déjà 15h45 à notre arrivée au Parabôle Festival. Nous y accédons par une route sinueuse et très pentue qui donne envie à Mark de grimper sur son vélo plutôt que de se parer de ses habits de scène…
Nous sommes donc légèrement en retard. Pas de quoi paniquer, sauf qu’à sa descente rapide de voiture, Mark réalise que le soundcheck d’EPICA a déjà commencé ! Sans lui !! Il part donc au sprint rejoindre directement sur scène ses comparses. Il déboule sur scène en plein milieu d’un morceau et se saisit illico de la guitare qui est déjà prête. Une scène assez drôle au final…
La décontraction présente sur la scène me saute aux yeux : les musiciens d’EPICA ont tous un sourire qui illumine leurs visages. Les garçons sont tous affublés de bermudas , certains même de tongues, et Simone , toujours aussi charmante, vêtue d’une longue robe légère style marinière et de grosses lunettes de soleil type vintage. Alors que les fourmis bénévoles du Parabôle s’activent un peu partout, EPICA enchaîne les titres, quasiment sans interruption. Comme si déjà tout était en place. Quelques fans chanceux ont réussi à s’immiscer jusqu’à la scène, bien avant l’ouverture des portes, et savourent le privilège d’observer EPICA dans des conditions aussi rares.

Le soundcheck achevé, le groupe se disloque et chacun cherche un moment d’intimité. Quasiment jusqu’à quelques minutes de leur entrée sur scène, les musiciens d’EPICA vont chercher le plus possible à s’isoler. Simone profite de la présence d’une amie, qui n’ a jamais assisté au moindre show du groupe, pour aller se prélasser au bord du lac de Neuchâtel. Isaac et Rob, le bassiste, rejoignent les loges qui ont l’immense avantage, en cette chaude journée estivale, de rester très fraîches…Rob s’installe dans un large sofa et passera un long moment en tête à tête avec son ordinateur portable. Arïen, le batteur, ne tient pas en place de son côté. D’humeur potache et volubile, il plaisante avec nous (mon épouse Angélique m’accompagnant en tant que photographe sur ce reportage) et dialogue avec tout le roadcrew du groupe. La bière fraîche coulant à flots , Arïen est d’une bonne humeur communicative.
Isaac, de son côté, passera un long moment, isolé, à gratter sa guitare acoustique, dans un couloir attenant aux loges.
Mark, fidèle à lui même, ne peut rester en place. Il a réalisé que le site surplombe le lac de Neuchâtel et nous demande de l’accompagner pour dénicher le meilleur point de vue possible. Alors qu’une jolie vue est disponible devant l’entrée même du festival, cela ne lui suffit pas et il décrète que plus il montera en altitude, plus il aura de chances de trouver un meilleur point de vue. Alors que nous nous enfonçons et grimpons dans la forêt, notre raison l’emporte, et nous laissons Mark s’aventurer plus loin…

Bien nous en aura pris, car le guitariste d’EPICA revient, en auto stop (sic), plus d’une heure plus tard ! Mais ravi néanmoins d’avoir trouvé un joli panorama…

Le Parabôle, c’est une armée de bénévoles enthousiastes, menée par Yves Pessina, leur président. Et cette armée réalise, malgré la dimension modeste et familiale, mais ô combien séduisante, du festival, un travail remarquable. Preuve en est, l’organisation s’adapte à un retard de livraison des repas en offrant des coupons pour commander des hamburgers auprès d’un stand. Voici donc la totalité du staff EPICA qui traverse le site pour aller goûter à la qualité des sandwiches « locaux ». La scène est pour le moins insolite , surtout lorsque Simone elle même s’empare du précieux sésame, voire cocasse lorsque le hamburger réservé à Mark, que je tiens dans mes mains, finit par terre…Toujours disponible pour ses fans, Mark se fait alpaguer par un aficionado qui lui fait dédicacer une horde de disques. Mark ne me voyant pas juste derrière lui fait un grand geste du bras qui fait voler son propre hamburger, littéralement satellisé…Mon désappointement fait vite place à une bonne tranche de rires en voyant tout le monde autour de moi se moquer de la situation…

La suite du repas se déroule au frais, dans une salle réservée. Cette fois, chaque musicien s’organise un peu à sa guise, pas de repas en commun. Mark, éternellement stressé de ne pas pouvoir manger à sa faim, avalera une large assiette de riz et de poisson, histoire de stocker un peu de féculents avant d’aller affronter le Passo dello Stelvio en Italie le surlendemain (col le plus connu d’Italie, long de 22 kilomètres et culminant à près de 2700 mètres d’altitude)…
La fin du repas coïncide avec un rendez vous pris pour une interview pour un webzine. Isaac et Mark s’y collent. Le jeune journaliste, macédonien,fan du groupe, est quelque peu intimidé. La décontraction et le naturel des deux musiciens le mettront vite à l’aise…

Compte à rebours :

Elferya, le groupe lausannois vient d’entamer son set. L’occasion de découvrir sa nouvelle chanteuse Constance. Toujours avides de découvertes, Isaac, dans le public (mais d’un oeil distrait), et Mark, sur le côté de la scène, viennent pendant quelques minutes assister à la prestation des suisses.

Alors que les heures s’égrènent, il est toujours surprenant de constater que les musiciens d’EPICA restent finalement assez isolés. Mais le show approchant, on ressent néanmoins qu’une phase de concentration démarre . Mark rejoint enfin le calme des loges pour aller s’échauffer sur sa guitare, aux côtés de Rob qui est toujours scotché à son ordinateur.

Je laisse alors les musiciens dans ce moment personnel. Mon rôle est aussi de savoir s’effacer à bon escient .

Lorsque ceux-ci réapparaissent, ils sont métamorphosés ! La nuit est tombée sur le Parabôle, environ 700 fans piaffent déjà d’impatience de revoir leurs favoris sur les planches. Backstage, à l’extérieur et à quelques mètres de la scène, chaque membre masculin d’EPICA vient de réapparaître. Changé, en habits de scène. Rob, Arïen, Isaac et Coen s’assoient et tapent le boeuf de façon spontanée. On dirait un groupe d’adolescents autour d’un feu de camp… Mark et Simone manquent encore à l’appel.Les stars aiment se faire attendre.
Mark est le premier à sortir des loges, l’air jovial. Il est méconnaissable une fois ses cheveux détachés et ses lunettes enlevées. La guitare en bandoulière, on dirait un gladiateur prêt à entrer dans l’arène. Il rejoint ses comparses. La famille se recompose, comme par magie.
il ne manque plus que Simone qui illumine la zone réservée dès son arrivée. Elle aussi se rapproche de ses amis. La famille est cette fois au complet, et ne va plus se séparer deux heures durant.

La complicité entre les musiciens est aussi évidente à cet instant que leurs besoins respectifs d’intimité les heures précédentes. Ils ne forment qu’un, ne se séparent plus d’un mètre, échangent sourires, rires, gestes d’affection. Métamorphose stupéfiante. Simone est radieuse, inondée de bonheur manifeste. Elle que certains fans innocents osent caractériser de froide et distante. Elle multiplie les attentions délicates à l’égard de ses amis, sautille sur place, chantonne, danse…Une pile électrique.

Cette scène, vécue en témoin proche,privilégié et discret, va durer encore pendant les longues minutes d’introduction épique du concert d’EPICA. Un à un, les musiciens entrent enfin sur scène.

Il ne reste plus que Simone au pied de l’escalier menant à la scène : au moment de s’élancer, littéralement, Simone frappe de sa paume la main que je lui tends…Le show peut démarrer. Mon impression est celle d’avoir assisté à une sorte de protocole, un moment fort de cette journée…

Show Time !

D’emblée, c’est la grande claque ! EPICA est passé dans une dimension supérieure , en témoigne ce son clair et puissant, ce light show grandiose, cette scène magnifique.Alors même que la configuration du Parabôle a imposé certaines limites techniques. Le groupe a entamé la promotion de son excellent dernier opus « The Quantum Enigma » à l’occasion de plusieurs festivals un peu partout en Europe. C’est donc un vrai bonheur de les voir se produire en Romandie, et je tire au passage un coup de chapeau aux organisateurs du Parabôle d’avoir attiré le groupe sur ses terres.

EPICA débute son show par ni plus ni moins que les trois premiers titres de son nouvel album. L’ensemble du show proposera un subtile mélange entre extraits de « The Quantum Enigma », hits du groupe ( « Unleashed ») et anciens titres devenus plutôt rares : quelle surprise et quel plaisir de réentendre des chansons issues du tout premier disque du groupe, déjà vieux de plus de 10 ans…

L’avantage d’assister à un show du groupe en festival saute aux yeux : depuis la sortie et la promotion de « The Quantum Enigma », EPICA ne se produit en moyenne qu’une à deux mois par semaine, la plupart du temps le week end, sur des festivals. Aussi, pas de lassitude inhérente aux longs parcours ni à la vie en cohabitation dans la promiscuité d’un tour bus. Les musiciens sont en pleine forme, et la très bonne humeur affichée tout au long de la journée perdure sur scène. Même si le show d’EPICA est parfaitement huilé, « carré », chacun occupant parfaitement la scène et personne ne tirant la couverture à soi, une sorte d’euphorie semble transporter le groupe. En témoignent ces jeux à deux entre Simone et à tour de rôle Isaac, Mark, et même Coen. En effet, le claviériste du groupe, s’est désormais entiché d’un clavier portable, en bandoulière, qui lui permet de se déplacer partout sur scène. Il pousse même le vice ce soir jusqu’à descendre dans le pit photographes avec son instrument !

La seconde partie du show fait la part belle aux grunts de Mark, que l’on voit par conséquent un peu plus en lumière et sur le devant de la scène. Le charisme dégagé par mon ami serait-il à ce point subjectif ? A observer les yeux des fans rivés sur sa silhouette découpée sur fond de lights, je me rassure sur mon opinion personnelle.
Les 1h45 de concert sont passées rapidement, à tel point qu’Angélique, chargée de prendre une photo du groupe depuis la scène, immergée dans le show, doit se précipiter lorsqu’elle réalise que celui-ci touche à sa fin. Le temps de contourner la scène et d’y accéder, la photo souvenir sera manquée. Pas trop grave puisque notre ami Stéphane Harnisch est aussi sur le coup et assure l’essentiel…

Aftershow :

Une fois n’est pas coutume, il est convenu avec Mark, avec qui nous devons repartir puisqu’un voyage en direction des cols italiens est prévu dès le lendemain, de ne pas trop traîner après le concert. En théorie bien sûr, car je connais sa propension à aller se mêler aux fans une fois les concerts terminés…

D’ailleurs, quelques minutes plus tard, une bonne vingtaine de fans sont déjà à patienter vers la sortie de la zone backstage…Moment assez étrange où je me sens perçu comme une sorte de manager imprésario ! D’un côté des fans qui me demandent si Mark va venir les saluer, et de l’autre le guitariste qui lui veut savoir si le timing lui permet de le faire ! Une fois expliqué que nous ne sommes pas si pressés que cela, Mark, une fois « présentable », se dirige avec plaisir saluer ses supporters.

Côté coulisses, vient le moment où tout le monde veut sa photo souvenir avant de se séparer. Constance, la chanteuse d’Elferya veut poser avec Simone et Mark, et nous cherchons aussi à avoir quelques instants d’intimité avec la divine chanteuse d’EPICA. Objectif atteint à sa sortie de vestiaires, et donc le moment opportun se présente à nous. J’apprends aussi, dans la foulée, de la bouche de Mark, que Simone lui a demandé plus tôt si j’étais un bon grimpeur, du fait de ma silhouette très fine !
Le temps de faire toutes ces photos souvenirs, il est déjà presque 2 heures du matin lorsque nous quittons le Parabôle, après avoir remercié vivement le groupe et son staff pour leur accueil et leur avoir fixé rendez-vous au mois de novembre…
A peine repartis du site, les esprits de Mark se tournent de nouveau vers ce qui , finalement, reste le principal… : les ascensions des quelques 12000 mètres de dénivelé qui nous attendent dans les jours qui suivent .

Photos : Angélique Goetschi

Remerciements à :
EPICA et en particulier Mark Jansen pour leur collaboration et disponibilité
Jeroen Brom
Yves Pessina pour son remarquable travail depuis des années sur le Parabôle festival

 

Acte 2 : La Laiterie, Strasbourg – 21 novembre 2014

La tournée européenne vient tout juste de débuter la veille à Luxembourg pour Epica. Notre reportage va donc concerner les seconds et troisièmes concerts des bataves. Autant dire que nous nous attendons à retrouver un groupe en forme et très motivé d’en découdre avec ses fans. Manifestement, les prélocations ont été très bonnes, plusieurs shows annonçant déjà salle comble !

C’est d’ailleurs le cas ce soir dans la capitale Alsacienne. Nous sommes donc impatients de voir le groupe offrir à son public un spectacle complet. Dans le cadre du Parabôle festival de juillet, le groupe avait été obligé de limiter sa structure scénique pour des raisons logistiques et techniques. Pourtant le show avait été déjà impressionnant, alors notre curiosité est pour le moins exacerbée lors de notre arrivée à Strasbourg.

 

Tentative d’ « homicide »

Rendez-vous a été pris avec Stijn Deschacht , nouveau tour manager d’Epica, à 14h afin de pouvoir assister au soundcheck du groupe. Le quartier où se situe la fameuse salle n’est pas le plus gai de la cité alsacienne, mais nous n’en avons cure car ce soir notre mission dépasse le tourisme.

A hauteur de la salle, nous reconnaissons le fameux  tour bus rouge d’Epica et une silhouette reconnaissable facilement, même si exceptionnellement elle ne porte ni cuissard ni casque : celle de Mark Jansen bien évidemment !

Mark ne nous a pas vu approcher et semble incrédule quand il sent un lourd monospace se diriger vers lui, sur lui même, moteur vrombissant. Il s’écarte à peine et semble hagard lorsque je stoppe mon véhicule à quelques centimètres… Je baisse ma vitre et son visage s’éclaire enfin, nous reconnaissant. Nous le saluons brièvement avant d’aller nous parquer ; à notre retour quelques minutes plus tard, notre ami musicien n’est plus là devant l’entrée de la salle…

 

Prise de repères

Une poignée de fans est déjà présente. Et les roadies des trois groupes qui jouent ce soir, dont les français de Dagoba et les anglais de Dragonforce, s’emploient à décharger le matériel.

Nous rencontrons assez vite un employé des lieux qui très gentiment va informer le tour manager d’ Epica de notre arrivée. Il revient très vite et nous invite à le suivre. Nous empruntons un escalier assez étroit pour rejoindre un balcon à l’étage où se trouvent bureaux et loges. Nous faisons donc la rencontre de Stijn Deschacht, le jeune tour manager qui remplace Jeroen Brom sur cette tournée qui nous briefe sur les détails du planning du jour.

Epica doit commencer son soundcheck dès que possible. Place ensuite vers 18h au désormais traditionnel « meet and greet » avec les fans ayant fait l’acquisition des billets VIP. Les concerts débutant à 19h30 et Epica prenant la scène d’assaut à 21h30.

Alors que les techniciens s’activent à installer la scène, nous voici livrés à nous mêmes , au coeur de la Laiterie. Nous commençons une visite exhaustive et aussitôt je reçois un message de Mark :  » I just woke up ! ». Je comprends mieux la tête effarée de notre guitariste préféré dans la rue à notre arrivée, le pauvre venait à peine de se réveiller et de sortir du tour bus lorsque nous l’avons presque écrasé devant la salle ! D’ailleurs, celui ci ne tarde pas à apparaître en chair et en os, son légendaire sourire illuminant éternellement son visage. Nous ne nous sommes pas vus en chair et en os depuis nos randonnées épiques dans les cols alpins quatre mois plus tôt.

Nous reprenons notre visite de la salle. La configuration de la Laiterie est originale. Les loges ne se trouvent pas derrière ou au dessus de la scène comme souvent. Mais à l’étage, au dessus de la zone publique où se trouvent le bar, la billetterie et les stands de merchandising. De là partent 2 passerelles qui rejoignent un discret balcon au dessus de la salle. Il faut le longer et redescendre un escalier sombre pour rejoindre l’arrière scène.

 

Pour ce reportage, j’ai embarqué avec moi la petite caméra Drift Ghost qui m’a accompagné lors de nos virées cyclistes estivales. L’idée me prend alors de filmer cette petite visite de repérage. A côté des cuisines, je pousse une porte qui débouche sur une sorte de salon public. Et je tombe nez à nez avec Isaac Delahaye et Coen Janssen, respectivement guitariste et claviériste d’Epica. La situation est assez drôle car ils sont filmés par quelqu’un du staff qui , nous l’apprendrons un peu plus tard, réalise une sorte de « backstage movie » lors de cette tournée. Après être allés jusqu’à l’intérieur de la salle où se trouve la scène, je tombe de nouveau sur nos deux acolytes qui cette fois semblent tourner une sorte de parodie à la caisse de la billetterie.

(vidéo visible ici : https://www.youtube.com/watch?v=fCwEsuCzcK4 )

 

Isaac Delahaye et Coen Janssen(Epica)

 

Rencontre avec Franky Costanza ( Dagoba)

A part nos deux joyeux lurons, pas d’artiste traînant dans la salle… La vie en tournée est tellement intense et parfois harassante pour les musiciens qu’ils doivent aussi chercher à recharger leurs accus dès qu’une occasion se présente. Néanmoins nous tombons sur un gaillard dont la silhouette nous interpelle. Le batteur Franky Costanza se présente spontanément à nous. Une fois que nous lui avons expliqué notre mission journalistique, s’en suit une sorte de mini interview improvisée lors de laquelle Franky nous présente ses nombreux projets et la difficulté d’arriver à vivre de la musique en France en 2014…

 

Angélique se voit aussi invitée peu après à un shooting de Franky qui apparemment vient de faire l’acquisition d’une batterie flambant neuve. Le batteur marseillais en est manifestement plutôt fier…

Franky Costanza (Dagoba)

 

Soundcheck d’Epica

 Arïen, le batteur d’Epica , est le premier à rejoindre la scène pour le soundcheck qui démarre avec une bonne heure de retard. L’ensemble des membres d’Epica le rejoignent. La première impression est que tout le monde a l’air de très bonne humeur. Epica peut évidemment se reposer désormais, statut de groupe leader aidant, sur un staff très compétent. Avant même que Mark et Isaac ne saisissent leurs guitares, nous avons pu observer leur guitar tech peaufiner un travail d’orfèvre. L’homme est très au fait de la chose, puisqu’il s’agit de Arjan Rijnen…. guitariste à ses heures du groupe Revamp.

Assister à un soundcheck est toujours un moment savoureux : chaque musicien restant bien évidemment en dedans par rapport à ce qu’il peut donner pendant le show. Difficile alors d’imaginer les mêmes artistes quelques heures plus tard dans leurs habits de lumière… Pour l’heure, chacun reste concentré sur son instrument, dans son coin, quasi immobile. Mark ressemble à un élève studieux et appliqué. Rob, le bassiste, est bluffant de décontraction, ses doigts semblant téléguidés sur le manche de sa basse. Les plus facétieux s’avèrent être finalement Coen …et Simone, qui nous apparaît enfin !

Restée invisible depuis notre arrivée, la divine rousse est resplendissante, alors même qu’elle ne revêt pas sa tenue de scène. Très décontractée elle aussi, elle pousse et teste sa voix la plupart du temps assise sur les estrades de la scène. Parfois aussi elle chante tout en pianotant sur son smartphone, se lève pour aller plaisanter avec Isaac ou Coen.

S’en suit d’ailleurs une scène délicieuse : Simone est assise au pied du clavier de Coen et ne perçoit pas le moindre instant son ami qui fait des grimaces juste derrière elle. Clairvoyante, Angélique arrive à immortaliser la scène cocasse…

 

Briefing général

Le soundcheck s’est déroulé sans anicroche et touche à sa fin. C’est le moment que choisit Stijn Deschacht pour réunir l’ensemble des trois groupes et des techniciens pour un petit discours de bienvenue en ce début de tournée européenne. Lors de la première date à Luxembourg, la veille, tout ce petit monde n’avait pas pu le faire, faute de temps. Tout le monde devant trouver ses marques et faire face au stress inhérent à une première date.

 

Stijn, debout sur la scène, s’adresse donc, en anglais, à tous les musiciens et staff de Dagoba et Dragonforce. Les membres d’Epica sont encore sur la scène. Le tour manager souhaite la bienvenue et bonne chance à tout le monde avant de laisser la parole à Isaac Delahaye qui se voit un peu surpris de devoir improviser un petit discours. Challenge relevé haut la main et avec beaucoup d’humour par le guitariste belge d’Epica.

A l’issue, chacun se disperse et Mark nous rejoint, détendu, pour converser. Au grand dam d’Angélique, la conversation vire très vite côté cyclisme et au fantastique challenge sportif qui nous attend, Mark et moi, en juillet prochain. Sur un coup de tête de ma part, et Mark étant un compétiteur acharné ne reculant jamais devant un défi, nous nous sommes effectivement inscrits à la  » Marmotte », l’une des plus difficiles cyclosportive d’Europe. 175 kilomètres dans les Alpes, avec l’es ascensions successives des terribles cols de la Croix de Fer, du Télégraphe, du Galibier avant un final en apothéose …à l’Alpe d’Huez !

Difficile de nous projeter d’ores et déjà au mois de juillet 2015, d’autant que Mark traverse une période délicate. Le guitariste est fatigué depuis la fin de l’été et n’arrive pas à refaire surface selon lui. Les fans seront stupéfiés à la lecture de cet aveu car le bougre cache parfaitement ses soucis dès qu’il entre dans la peau de « Mark Jansen d’Epica »…

 

Epica à la rencontre des fans

A l’instar de ce qui se fait avec d’autres groupes qui s’appuient sur une fan base à la fois fidèle, nombreuse et prête à tous les sacrifices pour son groupe préféré, Epica et son label Nuclear Blast ont mis en place depuis quelques temps des « sessions VIP ».  Le concept, parfois critiqué sur le fond par les fans qui n’ont pas les moyens de s’offrir ce privilège ni la chance d’être sélectionnés, consiste à vendre un billet majoré en échange d’une séance rencontre de dédicaces et photos personnalisées, et d’un accès privilégié à la salle de concert une heure avant l’ouverture des portes.

Le nombre des billets VIP est évidemment limité à une cinquantaine sur chacune des dates. Aujourd’hui à Strasbourg, nous assistons en amont de l’ouverture des portes aux VIP au briefing des agents de sécurité chargés de délivrer les précieux sésames. Il s’agit en fait de lanyards personnalisés avec un badge VIP. Les fans entrent donc au compte goutte, calmement, et présentent leur billet spécifique aux vigiles qui leur délivrent leur pass .

 

En observant la scène d’un oeil curieux, j’ai un sentiment étrange ; un mélange d’excitation et de timidité, voire de retenue, semble s’emparer des fans qui investissent au compte goutte le couloir d’entrée de la Laiterie. Au fond de cette longue zone de la salle où se trouvent bars et stands ont été positionnés tout en longueur des tables et six chaises. Un peu plus loin, un rideau noir et deux backdrops floqués Epica : l’endroit où se déroulera la séance de photos avec le groupe.

Au fur et à mesure que les VIP pénètrent, le stand de merchandising leur est ouvert. Un autre avantage qui leur permet de dépenser pour leur groupe préféré sans avoir à affronter la concurrence et la surpopulation. Toujours bon à prendre.

 

Une vingtaine de minutes plus tard, alors que les détenteurs de billets VIP sont sagement installés en file indienne, manifestement aussi émus qu’impatients, la porte venant des coulisses s’ouvre et les six musiciens viennent s’installer, tout sourires. Stijn Deschacht salue la cinquantaine de fans et donne ses consignes afin que la séance se passe le mieux possible. Un à un, les fans passent devant chacun des artistes pour faire dédicacer le poster de la tournée et éventuellement des objets personnels . Les fans strasbourgeois sont très respectueux à la fois des consignes mais aussi des membres d’Epica. Aucun geste déplacé, aucune hystérie démesurée. Seulement des salutations, des sourires et des remerciements . Réciproques, car Mark, Simone et consorts ne savent que trop bien qu’ils doivent beaucoup à leurs fans dévoués et fidèles.

Au bout d’une demi heure, place à la séance photos. Une fois qu’il a pu s’assurer que la séance de dédicaces ne nécessitait aucune intervention de sa part, Stijn se met à peaufiner les réglages du petit appareil photo pausé sur un pied. Il s’agit de l’appareil photo personnel de Simone. Et nous apprenons aussi que c’est elle même qui met ensuite les photos en ligne sur le site web du groupe ( epica.nl/vip ). Tous les membres d’Epica s’installent devant le rideau noir et tour à tour chaque fan VIP vient les rejoindre pour immortaliser le moment.

La totalité des VIP semble vraiment intimidée au moment de passer devant le rideau et de se mélanger à ses idoles. Certains osant à peine affronter les regards et les sourires pourtant complices des artistes. A ce moment précis, je donnerais cher pour connaitre les sentiments profonds des uns et des autres, fans et musiciens.

Si un vent de polémique souffle depuis quelques années déjà sur les relations entre Epica et ses fans, il faut objectivement reconnaître que lors de ce « meet and greet » chacun des membres d’Epica a un petit geste affectueux à l’égard de ses fans.

Au bout d’une heure la session expire. Les musiciens adressent un salut amical et un dernier sourire  à la cinquantaine de VIP encore tout émoustillés du moment privilégié qu’ils viennent de vivre… Mark, fidèle à ses habitudes, reste même quelques minutes supplémentaires pour d’autres photos personnelles.

Les fans accèdent ensuite à la salle de concert et se partagent, sans débordement, les deux premiers rangs. Nous les rejoignons et improvisons une séance photos et quelques mini interviews. Un fan nous apprend par exemple venir de Paris pour ce concert ! Nous le retrouverons le jour suivant encore à Zurich…

 

Ouverture des portes et premiers concerts

Il est 19h30 lorsque les portes s’ouvrent pour le public qui patientait dans la nuit humide alsacienne. Pas de raz de marée, chacun semblant déjà savoir que les premiers rangs sont occupés. Le concert du soir est complet. Gageons que l’affiche, alléchante et disparate, chacun des trois groupes étant susceptible d’accueillir des fans sur son propre nom, y est pour beaucoup. Choix surprenant mais efficace de Nuclear Blast.

Au fur et à mesure que la salle et la tribune se remplit progressivement, nous arpentons de nouveau la Laiterie. L’ensemble du team Epica s’est réuni dans la salle du catering afin d’y dîner.

Subitement des bruits sourd nous proviennent de la salle de concert. Dagoba vient d’entamer son set. Le public français leur réserve un excellent accueil et les soutient jusqu’au bout de leur prestation. De bonne augure pour la suite de la tournée. Un peu plus tard, les virtuoses de Dragonforce, groupe de speed power assez incomparable dans le genre, prennent le relai.

 

Les hostilités débutent

21h30 précises, le show d’Epica est sur le point de débuter. J’aurais souhaité me positionner à l’étage, vers la passerelle reliant les loges à la scène pour pouvoir photographier l’arrivée de la petite troupe. Impossible à réaliser matériellement au risque de me trouver impuissant à pénétrer ensuite dans la salle…

Car cette fois, la Laiterie est pleine à craquer, voire à exploser. Et l’explosion, elle, intervient d’ailleurs de la part du public une fois la salle plongée dans la pénombre et que retentit la bombastique intro « Originem » du très réussi dernier album d’Epica. Les musiciens arrivent un à un sur scène et entament « The Second Stone », l’excellent titre d’ouverture de « The Quantum Enigma ». Simone les rejoint et comme à l’accoutumée provoque les cris hystériques des fans.

D’emblée, nous sommes sidérés par la qualité du jeu de scène d’ Epica, totalement magnifié sur cette tournée par un splendide et impressionnant light show. La dominance des lights blancs aveuglants de la tournée précédente avait quelque peu perturbé et fait naître certaines critiques fondées. Ce soir, de ce côté là, aucune fausse note. Et une preuve supplémentaire que le groupe a franchi une étape décisive.

Epica alterne dans sa set list de nombreux titres de son dernier opus et des standards du groupe, tels « Unleashed » , « Fools of Damnation », « The Obsessive Devotion » ou encore un « Cry For The Moon » tiré du déjà lointain premier album du groupe sorti en 2003.

Que de chemin parcouru par le groupe depuis une dizaine d’années ! Quel charisme dégagé par chacun des musiciens, tous parfaitement en place mais ne dédaignant jamais pour autant se laisser à une part d’improvisation. Mark et Isaac parcourent régulièrement  la scène, Rob (basse) fait tournoyer ses longs cheveux en rythme, Coen s’empare de son clavier portable pour se joindre à ses camarades et même à venir au contact des premiers rangs.

 

Simone, quant à elle, reste …Simone. Un pouvoir de fascination sans équivalent dans le milieu. Un mélange de beauté, de classe et d’un brin d’espièglerie parfois. On en arrive à se demander ce qui contribue le plus à faire fondre les fans…

Le public strasbourgeois porte le groupe ce soir, enthousiaste et actif. Jolie surprise, le groupe opère une sorte d’interlude : le backdrop illustrant la pochette du dernier disque est mis en lumière sur la jolie mélodie orientale « The Fifth Guardian » . Déjà très agréable à écouter sur disque, ce passage en concert annonce la dernière partie du show qui va emballer l’ensemble du public. Comme à son habitude Epica achève son show sur le long et surpuissant « Consign To Oblivion ».

Epica remercie longuement son public, immortalise la scène et quitte les lieux après près d’1h45 d’un spectacle grandiose à tous les niveaux.

 

Mark Jansen égal à lui même

Le public rejoint la zone bars/stands. A voir les visages et à entendre les commentaires, les réactions sont unanimement très positives. Epica a ravi et convaincu ce soir. Le stand merchandising du groupe est pris d’assaut. A proximité, nous rencontrons les membres de Dragonforce qui jouent volontiers le jeu avec les fans. Nous sommes aussi questionnés, et cela a tendance à devenir une habitude surprenante, sur le suspense quant à savoir si les musiciens d’Epica vont « sortir » à la rencontre des fans . Comme la plupart du temps désormais, Mark Jansen viendra moins d’une demi heure après la fin du show saluer ses admirateurs et/ou amis. Heureusement (pour lui), une bonne partie du public a quitté les lieux. Cela permet donc à Mark de consacrer assez de temps à chaque sollicitation. Toujours réceptif et accessible, le souriant leader d’Epica ne déçoit personne. La vraie question est même de savoir si un jour il a déjà déçu un fan …

 

Il est aussi troublant désormais que des gens me demandent personnellement de les aider à avoir une photo, une dédicace de la part de Mark… Genre d’attitude souvent motivée par la timidité .

Toute bonne chose ayant une fin, ce sont les vigiles de la Laiterie qui mettent fin à la communion entre Mark et son public. Nous sommes d’ailleurs obligés de brandir nos bracelets afin de pouvoir rester avec notre ami. Seul un ami néerlandais proche de Mark, cycliste lui aussi, s’est joint à nous alors que nous rejoignons le balcon longeant les loges. Je vais sortir du frigo une bouteille de champagne apportée pour l’occasion et nous restons une heure à dialoguer et plaisanter à l’entrée des loges d’Epica. Isaac se joint à nous au bout d’un moment, Coen pour sa part déclinant l’invitation poliment. En revanche, nous n’apercevrons pas un seul instant Simone…

 

Vers 1h30, nous saluons le tour manager Stijn, embrassons Mark, et fixons rendez-vous au lendemain à Zurich.

En sortant de la Laiterie par une porte dérobée, nous faisons une fausse joie à une poignée de fans restés dans le froid pour apercevoir les musiciens d’Epica. Nous nous excusons et rejoignons notre hôtel après une journée riche en émotions diverses. 

Remerciements à :

Mark Jansen et EPICA

Stijn Deschacht et Jeroen Brom

La Laiterie et son staff

Clin d’oeil à :

Eric et Florence

Emilie Garcin

William Brault

Michiel Barten

 

Acte 3 : X-tra, Zurich – 22 novembre 2014

Ravis du déroulement de notre reportage réalisé la veille à Strasbourg, le planning prévu pour la date suivante prévue en Suisse allemande diffère quelque peu.  Il a été convenu avec le management que nous investissions cette fois les lieux à l’heure du Meet and Greet avec les fans.

 

En file indienne
 Zurich a la particularité d’offrir un nombre considérable de salles de concerts de tailles différentes et adaptées. L’X-Tra, salle d’une capacité d’environ 800/900 personnes, m’avait dans un premier temps semblé un peu exigüe pour Epica. Mais au final, ce type d’ambiance sied parfaitement au groupe néerlandais.

A 17h précises nous rejoignons l’entrée de l’X-Tra et nous mêlons à la trentaine de personnes déjà présentes. Parmi eux nombre de fans romands qui n’ont pas hésité à se déplacer. Le seul concert de la tournée européenne n’ayant lieu que fin janvier du côté de Genève expliquant sans doute cela.

Notre situation personnelle est un peu plus confuse que la veille en Alsace. Il va falloir faire abstraction de la barrière de la langue afin d’expliquer que nous sommes attendus par le tour manager afin de réaliser un reportage. Et lorsque les portes s’ouvrent afin de faire entrer les fans détenteurs de billets VIP, les vigiles nous refoulent sans égard. Situation un peu gênante car nous voulons être assez rapidement opérationnels…

Contrairement à la veille à Strasbourg, nous ressentons immédiatement une sorte de fébrilité, pour ne pas dire tension, parmi les fans qui jouent un peu des coudes pour pouvoir pénétrer en position préférentielle dans le hall d’accueil de l’X-Tra. Une fois les VIP entrés nous expliquons cette fois calmement que nous sommes attendus pour travailler et pouvons enfin investir les lieux. Quelques minutes plus tard, Stijn vient nous accueillir et nous donner les consignes du jour.

La configuration de l’X-Tra nous permet d’avoir beaucoup d’espace pour observer la session VIP qui va se dérouler bientôt. Comme la veille, les fans bénéficient d’un moment pour pouvoir accéder au stand merchandising, toujours aussi fourni en objets et vêtements divers. Un long couloir a été délimité par des cordons de l’autre côté , et les fans se sont installés en file indienne. L’ambiance est d’ailleurs quasi religieuse, chacun patientant dans le calme.

Ca bouchonne !

La file des VIP s’est progressivement allongée et il semble que le nombre théoriquement limité à 50 soit dépassé. Et cela ne vas pas être sans incidence…Nous retrouvons parmi les fans présents notamment le jeune parisien rencontré la veille à Strasbourg. Quelle assiduité !…

Les musiciens une fois assis scolairement, la séance de dédicaces peut alors commencer. Chaque membre d’Epica s’est installé de façon aléatoire, et Simone se trouve en dernière position. Un détail qui va avoir son importance dans le déroulement de la séance. Il n’y a plus besoin évidemment de souligner son pouvoir d’attraction et de séduction parmi les fans. D’ailleurs, ceux ci ont compris que la seule manière afin de l’approcher physiquement passe par cette session VIP. Aussi, Simone, est sujette à plus de sollicitations personnelles ce soir à Zurich.
Assez rapidement, les premiers fans s’attardent auprès de la jolie chanteuse pour faire des photos, lui offrir des cadeaux (pas toujours du meilleur goût soit dit en passant) et même s’attarder en discutant avec elle. La séance de dédicaces s’en trouve fortement ralentie. Stijn, le tour manager, constatant la situation, et tenu par un timing précis, se voit donc dans l’obligation de se positionner à côté de Simone pour gérer le flux.

Néanmoins, chacun a le le loisir de solliciter personnellement Simone qui ne perd jamais son sourire et sa gentillesse. Du côté de ses acolytes, l’ambiance potache règne. Sourires et blagues fusent de toute part. Même si les fans VIP suisses ont payé un prix fortement majoré (nettement plus élevé par exemple que les billets VIP achetés pour le show de Strasbourg), nombre d’entre eux ont apporté des cadeaux au groupe. Il s’agit souvent de produits régionaux. Je suis même ce soir chargé par un fan valaisan qui n’a pas réussi à assister à cette session VIP de remettre un coffret de bouteilles de vin à Mark!

Au bout d’une bonne quarantaine de minutes, il est alors temps de procéder à la séance photos.

 

Shooting and fighting !

La soixantaine de VIP patiente aux pieds des quelques marches menant à l’estrade où va se dérouler la séance photos. Stijn donne ses consignes et va notamment demander aux fans de redescendre après leur photo au pied de l’escalier. Le souci est que ceux-ci mènent aussi, par deux couloirs différents à l’entrée de la salle de concert. Et je pressens que ce détail va être sujet à tensions…

Le shooting démarre en une sorte de protocole assez drôle à observer. Chaque fan grimpant les quelques marches comme pour accéder à son Graal, sa photo personnelle avec l’ensemble du groupe. Chacun y va de sa pose, et s’approche en général timidement de son artiste préféré. Les musiciens étant désormais rodés à l’exercice, ils semblent y éprouver un certain plaisir naturel à mettre à l’aise leurs fans.

Si les premiers VIP respectent bien les consignes en se positionnant dans l’ordre au pied des escaliers, la tension va progressivement monter au fur et à mesure que le photoshooting touche à sa fin. Les derniers fans n’évacuent pas le plateau et restent au dessus des marches, prêts par conséquent à griller la priorité afin d’accéder en premier dans la salle pour obtenir les meilleures places possibles.

Deux ou trois personnes ne se privent pas de leur faire remarquer leur impolitesse, malgré la (simulée?) barrière de la langue. S’en suit alors, à l’issue de la séance photos, une sorte de chaos, chacun oubliant toute consigne et se ruant dès l’ouverture des portes. Le spectacle est un peu désolant… Mark Jansen, lui, est resté, pensant sans doute accorder encore un peu de son temps aux fans. Ceux ci s’étant engloutis dans la salle de concert, il va rester à dialoguer avec nous, avant de partir se restaurer. Nous lui donnons rendez-vous pour l’aftershow.

 

L’ambiance monte

Nous rejoignons la salle de concert et constatons qu’il n’était finalement pas si urgent de se précipiter pour les fans. Chacun ayant pu sans souci s’installer confortablement dans les deux premiers rangs. Pour notre part, nous prenons place sur l’estrade située côté gauche, surplombant un peu la fosse. Choix a priori cohérent car le pit photo de l’X-Tra nous semble être le plus improbable et inconfortable de toutes les salles que nous connaissons.Cette estrade est aussi une incongruité, causant régulièrement des chutes parmi les fans les plus excités se précipitant dans l’obscurité et faisant brutalement connaissance avec le plancher…

A l’heure où Dagoba investit la scène, l’ambiance dans le public (qui a bien rempli l’X-Tra au final) est assez calme. Les français auront beau tout faire pour réveiller la fosse, à coups de tous les stéréotypes du genre -relevons l’exploit d’organiser un circle pit et un wall of death dans un set de 30 minutes- le succès restera très mitigé. Tout juste un accueil poli, mais au final peu d’enthousiasme…

Dragonforce, de son côté, semble un peu plus attendu. Mais leur show paraît bien long pour qui n’est pas fan de la musique pour le moins hermétique des britanniques. Force est de constater que le spectacle est au rendez-vous. Les musiciens sautent un peu partout, grimacent, entremêlent leurs instruments mais le côté too much de leur attitude et de leurs compos peut s’avérer un peu repoussant sur la longueur.

 

Epica assomme son public

L’X-Tra est désormais pleine à ras bords et les rangs se font plus serrés à proximité de la scène. J’ai décidé, une fois n’est pas coutume, de laisser une fan du groupe, collaboratrice à ses heures, de nous conter elle-même sa façon de vivre le show d’Epica. Voici donc son compte-rendu :

« 21h, les lumières s’éteignent enfin et l’introduction du dernier album d’Epica, « The Quantum Enigma » résonne. Les membres du groupe entrent sur scène le sourire aux lèvres sous les acclamations du public en délire, manifestement impatient de les voir et entament les deux premiers titres de ce dernier opus avec une énergie incroyable. Je ne les avais pas revu depuis le show de « Retrospect » donné en mars 2013 pour célébrer leurs 10 ans de carrière, et c’est un plaisir de voir Simone plus radieuse que jamais, et d’entendre ses progrès vocaux.

Epica enchaîne avec « Unleashed », sur laquelle le public applaudit en rythme pendant toute la chanson, ce qui semble ravir Mark et Rob qui l’encourage de plus belle. Vient ensuite « Storm The Sorrow », le single phare de leur précédent album. Le moment fort du show intervient ensuite avec l’enchaînement de quatre titres à forte concentration émotionnelle. « Victim Of Contingency », tout d’abord, que tout le monde attendait. La vitalité,  l’énergie et la force qui ressortent de ce titre se trouvent décuplées en live grâce au dynamisme des musiciens. De plus, le light show, avec ses rayons de lumière blanche qui défilent avec la même rapidité que les riffs de guitares associé au fond rouge et bleu en alternance donne une dimension encore plus punchy à ce titre. Epica poursuit dans le même ton avec « Fools Of Damnation », avec une prestation toujours aussi efficace grâce aux ruptures rythmiques, jouant avec l’alternance des grunts de Mark et de la voix piquante de Simone. Le public est à bloc derrière le groupe, se donnant à fond en chantant, sautant, headbanguant au rythme des guitares et des cris de Mark, malgré l’étouffante chaleur règnant dans la salle. Enfin, le célèbre « Cry For The Moon », avec une Simone au sommet de sa forme qui met le feu à la salle en partageant son micro avec le public. La chanteuse est euphorique, headbanguant  en symbiose avec Mark et Rob. Epica incorpore au morceau un break où Simone fait chanter le public enjoué avec elle à l’unisson. S’ensuit « Chemical Insomnia » qui vient clore ce moment de frénésie totale.

Après cette agitation ambiante, retour au calme avec une superbe interprétation de « Canvas of Life » où Simone dégage de fortes émotions comme elle seule sait le faire, à tel point que des larmes coulent sur les joues des fans les plus émotifs. Les personnes attentives auront pu remarquer le regard fasciné de Mark à l’égard de sa chanteuse lors de cet émouvant moment.

Pour finir cette première partie de set, quoi de mieux que « Phantom Agony » re-mastorisée en une party dancing ? L’ambiance est à son comble, le public danse, saute, chante en harmonie.

Vient le moment du rappel, où l’attente fut courte. Le groupe a choisi de finir en beauté avec la succession des titres « Sancta Terra », « Unchain Utopia » et l’éternel « Consign to Oblivion ». Ce soir, le public suisse  venu en masse , aura été pleinement satisfait! »

[Sabine Cherix]

Satisfaction du public, effectivement. Bonheur je dirais même. J’ai passé du temps à observer l’attitude des fans dans la fosse, et c’est ce sentiment qui m’a emporté. Tout juste ai-je été distrait vers la fin du show par un discours de Mark sur scène, demandant si le public zurichois avait encore un tant soi peu d’énergie. Devant l’absence un peu saugrenue de réaction, j’ai brandi mon bras gauche à mon ami musicien et bandé mon biceps : s’en est suivi un échange verbal entre Mark se moquant de ma nationalité (ce jour là la France perdant le double de la finale de la coupe Davis de tennis face à… la Suisse) et gestuel de ma part, lui brandissant avec beaucoup de complicité amicale mes deux magnifiques majeurs tendus. La scène a du sembler irréaliste à mes voisins…

Après avoir longuement salué son public, distribué plectres et autres set listes, les néerlandais, tout sourires, quittent la scène.

Mark toujours fidèle

Nous quittons la salle et décidons de rejoindre le hall d’accueil, à proximité des stands merchandising. Alors qu’une bonne partie des spectateurs a quitté directement l’enceinte, nous découvrons l’ensemble des musiciens de Dragonforce avec des fans. L’attitude des britanniques semble très naturelle et spontanée, chacun répondant très gentiment à toutes les sollicitations.
Au bout d’une petite demi heure, le sympathique guitariste d’Epica descend les escaliers et tombe directement sur la petite vingtaine de fans restés à l’attendre. Comme de coutume, chacun aura le plaisir d’échanger avec le leader d’Epica, de faire quelques photos. Nous restons un peu à l’écart de cette séquence improvisée, afin que chacun puisse profiter de ce privilège.
Notons que Coen Janssen vient aussi passer quelques minutes au stand merch du groupe. Mark doit ensuite un peu écourter ce moment d’échanges sympathiques avec ses fans car la petite troupe doit quitter les lieux rapidement. Nous quittons alors la salle et découvrons un Isaac Delahaye, le second guitariste du groupe, tranquillement installé vers la sortie de l’X-Tra, qui a l’air d’être le dernier au courant de l’urgence de la situation !

Alors que nous sortons de la salle et nous dirigeons vers le tour bus pour dire au revoir à notre ami Mark ( et accessoirement récupérer une revue prêtée la veille !) nous tombons sur le petit groupe de fans romands qui s’apprête à reprendre la route. Nous ne doutons pas les revoir lors du prochain concert d’Epica du côté de Thônex le 30 janvier prochain. D’ici là, les musiciens d’Epica auront achevé la première partie de leur tournée européenne, récupéré un peu de forces à l’occasion des fêtes de fin d’année et repris la route début janvier. Ainsi est faite la vie de musiciens reconnus, une sorte d’éternel recommencement…

Clin d’oeil à :

Frédéric Klée

Vincent Péra

Cyril Roudey

Juan Moreira

Texte : Hervé Rakowski

Photos : Angélique Rakowski

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