Déluge
©Déluge

On avise la pochette lorgnant vers l’esthétique hindouiste, les éléments d’estampe nipponne et on est un chouia intrigué. Pour ceux qui s’attendent à de quoi savourer une ‘cigarette-qui-fait-rire’ en toute sensualité molle, le réveil va être rude, avec une plongée dans un monde où tout n’est que rage et désespoir. Sur son ersatz de site, ce quintet a beau s’amuser discrètement avec l’étiquette ‘Untrue French Black Metal’, achtung les fosses à miel : musicalement, les Monsieurs, ben ils ne sont pas venus pour animer l’annif de la cadette.

Au micro, la ‘gorge-en-chef’ repousse ses limites avec un bel entrain, son organe râpeux cherchant plus l’inspiration du côté hardcore que des croassements usés du ‘blaquemetal’, ce qui est une foutrement bonne chose si vous voulez mon avis, et vous le voulez puisque vous le lisez, coquines ! Derrière les fûts ? Le tapeur a dû s’absenter, ils l’ont remplacé par un de ces accessoires de cuisine très cher, qui vous montent une mayo ou des blancs neige en une minute chrono.

La netteté de la production rend hommage à sa force de frappe et sert aussi des guitares coagulées en mur compact, et qui ne s’arrêtent de gueuler que pour distiller, dans les moments de calme précaire, quelques notes glaciales, épures malades entre deux bombardements soniques. Chaque piste s’ingénie d’ailleurs à multiplier les rythmes et les ambiances. A noter qu’il pleut d’un bout à l’autre des pistes, des fois qu’on n’aurait pas pigé le nom du groupe. (Si Motörhead commençait toutes ses chansons avec une Mustang au démarrage, ça serait peut-être un peu chiant sur le long terme, et oui ça n’a rien à voir).

Une piste emblématique ? ‘Houle’ commence avec une braillée de possédé, vite enrobée d’un mur de grattes vibrantes, avant que la batterie n’embraie sur le tempo hystérique de rigueur. On peine à discerner une mélodie exacte, et c’est sans doute fait exprès. Dans son dernier tiers, la piste impose un tempo lent, sans que les cordes ne ralentissent leur course vers nulle part, pour se combiner en un martelage obsédant, sans pour autant flirter avec le funeral doom proprement dit. Le son est ample, presque dilué, les instruments évoluant comme dans des univers parallèles.

Tout ça est méchant, carré, sans fioritures superflues ni démonstrations de virtuosité desservant la structure des morceaux. Une bouffée d’air humide et transie qui fait un bien fou et contribue à renouveler un genre depuis si longtemps sclérosé, bégayant et auto-parodique qu’on l’avait presque enterré dans la tombe voisine du Nu-Metal. Sortez la bêche et exhumez donc ces braves jeunes gens.

FICHE CD
Æther
Les Acteurs de l’ombre Productions
www.wearedeluge.bandcamp.com

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