Quelle drôle d’idée que de programmer dans un lieu aussi vaste et impersonnel que l’Arena, les doux Angus et Julia Stone ! 
Je comprendrai un peu plus tard. Question d’infrastructure…

Arrive alors sans prévenir le gracile Anglais Isaac Gracie.
 Voix à la Gavin Rossdale de Bush et pop-rock-folk tendance Justin Nozuca. C’est gentil, assez propre et radio-friendly (on le lui souhaite), mais pas que.
 Désolé pour les références, on l’imagine bien emballer les gonzesses avec des lullabies pompées chez Jeff Buckley ou remplacer Bryan Adams dans un prochain Robin des Bois.
 Ce qu’il y a de bien dans les concerts ‘plus populaires’, c’est que le public supposé moins pointu accueille les premières parties avec autant d’enthousiasme que les têtes d’affiche. En plus le sympathique Isaac fête son anniversaire ce soir. Et les spectateurs d’entonner un ‘Happy Birthday’ touchant. Isaac tu aurais pu servir les cocktails ! Ce fut une belle entrée.

Le plat de résistance débarque en fanfare ou plutôt en trompette sur fond d’océan mouvant au sunset. On est tout de suite dans l’ambiance. Apaisante. 
Seules les voix légèrement traficotées du début m’empêchent de me laisse emporter totalement. Mais ça ne saurait tarder.
 Surtout qu’un hommage (involontaire) au brillant groupe suisse Dear Deër vient poindre son museau. Derrière au totem placé à l’arrière de la scène, l’écran géant projette une magnifique tête de cerf qui nous scrute le temps de ‘Make it out alive’.
 Pour l’instant rien ne dépasse mais tout est agréable.
 On est dans l’anti-subversion assumée.
 Un déchirant ‘Heart Beats Slow’ brouille un peu les cartes et quelques yeux. Pas forcément en raison du jeu de lumières entre kitsch et sobriété. Un joli kitsch, la tête inclinée sur le côté. 
Le petit passage électro-pop suivant me convainc moins ; ce n’est pas l’avis du public qui tape des mains le sourire aux lèvres.
 Sursaut sur ‘Bloodhound ‘, très blues blanc 80’s, accessible et pas désagréable.
 La claque arrive juste après avec ‘Private lawns ‘, parfait mix entre reggae tzigane (oui ça existe depuis ce soir) et B.O. de Gustavo Santaolalla, avec en prime un solo au banjo rejoint par la trompette applaudit à tout rompre.
 Je commence à penser que tout ce que j’imaginais de ce groupe est erroné. Je m’attendais un peu à de la folk gnangnan ou du rock fm molachu, prisé essentiellement par des jeunes filles en fleur. C’est le cas par moments, mais c’est bien plus riche et surprenant. J’avoue qu’à part deux-trois titres, je ne connaissais que très mal la discographie d’Angus et Julia Stone (j’ai rattrapé mon retard depuis et je les préfère de loin en live, les chansons sont souvent magnifiées), et je voulais arriver vierge au concert. Ce n’est pas parce qu’on adule Ministry ou Fantomas qu’on n’a pas un petit cœur qui bat sous notre cuir. « Très heureux de m’être trompé » : Constat de moitié de soirée.

‘Who do you think you are’ (du dernier album). Don Henley, Springsteen ?
 On prend. 
Je me fais à nouveau cueillir par ‘Just the way you are’. On frise pourtant le middle of the road total mais curieusement on a envie de prendre une voiture et suivre la route des collines pour la réécouter en compagnie de Chris Rea.
 La gorge serrée, on écoute Julia déclamer de sa voix menue et acidulée un poème de Baudelaire, en français avec un accent australien à couper au couteau. Le message est beau et vrai, une résonance, une larme coule. 
Extrait : ‘Il est l’heure de s’enivrer ! Pour ne pas être les esclaves martyrisés du Temps, enivrez-vous ; enivrez-vous sans cesse ! De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise’.

Le beau conte de Noël down under avant l’heure voit la scène se couvrir de neige sur leur dernier single ‘Snow’. C’est pur, très premier degré et ça fait du bien une soirée sans aucun cynisme. 
Même la présentation des musiciens est des plus chaleureuses. On sent beaucoup de bienveillance entre eux et même s’ils répètent probablement les mêmes compliments soir après soir, ils sonnent juste. Cette complicité frère-sœur-musiciens me touche.
Le rappel fait danser les plus belles sur le mal nommé ‘A heartbreak ‘ et nous envoie nous coucher, sous le charme avec une reprise disco suave de ‘Harvest moon’ de l’oncle de cette scène, le grand Neil Young.

Pour de nombreuses raisons, je revivrai bien cette soirée. A votre guise… [Frederic Saenger]

 

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